Verdict douteux à l'encontre d'un journaliste indépendant

Le tribunal d’Absheron a condamné, le 1er juillet 2009, Mahal Ismayiloglu, éditorialiste occasionnel au journal Yeni Musavat, à deux ans de prison avec sursis ainsi qu’à verser une somme de 30 manats (26 euros) à la femme de ménage de son voisin Vahid Imanov, contre laquelle il est accusé d’avoir eu un comportement violent. Le tribunal a également interdit au journaliste, souffrant de maladie cardiaque, de quitter le pays. Reporters sans frontières s’interroge sur la véracité des accusations portées contre Mahal Ismayiloglu et espère que cette condamnation n’est pas une nouvelle atteinte à la liberté d’expression, déjà malmenée en Azerbaïdjan. « Dans la mesure où Mahal Ismayiloglu écrit des articles polémiques qui critiquent le gouvernement azéri, nous sommes sceptiques quant à l’impartialité du tribunal d’Absheron et espérons l’annulation du jugement dans l’attente de preuves supplémentaires», a déclarée Reporters sans frontières. L’éditorialiste nie les accusations portées contre lui et estime que le verdict de la cour est motivé par des considérations politiques. « Il est évident que tout, dans le moindre détail, a été monté lors de l’enquête conduite par le tribunal, et que cette affaire est un avertissement clair à mon encontre en raison de ma profession, » a-t-il déclaré à Reporters sans frontières. Il compte faire appel. Mahal Ismayiloglu a été rédacteur en chef du quotidien progouvernemental Khalg gazeti, avant d’être licencié en 2001. Il est alors entré en confrontation avec le gouvernement en publiant des tribunes très critiques dans le journal Yeni Musavat. Une plainte de la femme de ménage de l’un de ses voisins, par ailleurs haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, avait été déposée contre lui le 27 juin 2008. En Azerbaïdjan, les journalistes Mushfig Huseynov, Ganimat Zahidov et Eynulla Fatullayev sont emprisonnés. Le pays figure au 150e rang du classement mondial de la liberté de la presse établi par l’organisation en 2008.