Une vingtaine de journalistes refoulés à la frontière moldave en raison de leur nationalité : “ Une décision injuste et dangereuse”
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Le 7 avril 2009, une vingtaine de journalistes et photographes roumains travaillant pour des médias étrangers et roumains n'ont pas pu pénétrer en Moldavie, où se sont déroulées, le 7 avril 2009, de violentes manifestations à la suite des élections législatives, remportées par le Parti communiste avec une large victoire.
“Nous condamnons cette décision des autorités moldaves, injuste et dangereuse. Non seulement elle entrave la bonne couverture des événements, mais elle contribue également à la dégradation des relations entre la Moldavie et la Roumanie, en encourageant les discours nationalistes et agressifs, au risque de déstabiliser encore plus la situation”, a déclaré Reporters sans frontières.
Dix-huit journalistes roumains, travaillant notamment pour des médias internationaux(Agence France-Presse, Associated Press, EPA, Reuters) et roumains (Evenimentul Zilei, Jurnalu National, Ziua et la chaîne Realitatea TV) ont été refoulés à plusieurs reprises, notamment aux postes-frontières de Galati et d'Oancea, sous des prétextes administratifs. Il est cependnat vraisemblable qu'ils aient été refoulés en raison de leur nationalité roumaine, plusieurs correspondants de nationalité étrangère ayant été pour leur part autorisés à pénétrer en Moldavie, depuis la Russie ou l'Ukraine.
Par ailleurs, les communications téléphoniques, et notamment par téléphone portable, avec la Moldavie sont très difficiles et la connexion à l'Internet depuis la Moldavie demeure très instable, après l'interruption, le 7 avril, de l'accès au web via la compagnie de télécommunications nationale, Moldtelecom. Plusieurs sites d'informations indépendants ont été bloqués. La couverture de l'actualité par les médias publics a également été marquée par une prédominance de programmes de divertissement, des dessins animés, et très peu d'informations sur les manifestations dans la capitale ont été diffusés.
Selon une information non vérifiée à ce jour, au moins un journaliste aurait été victime de violences policières et un autre empêché de tourner à Balti (150 kilomètres au nord-est de Chisinau). Enfin, la journaliste Natalia Morar ferait l'objet de poursuites de la part du parquet. Plusieurs organisateurs des mobilisations éclairs, qui ont rassemblé des milliers de manifestants, seraient également poursuivis.
Les relations entre la Moldavie et la Roumanie, extrêmement tendues, se sont encore dégradées ces derniers jours. Dans un entretien donné à l'agence de presse russe Interfax, le président moldave, Vladimir Voronine, accuse la Roumanie d'être responsable des manifestations qui perturbent le pays. L'ambassadeur roumain en Moldavie a été déclaré persona non grata. Le 8 avril 2009, le président moldave a menacé de recourir à la force si les émeutes anticommunistes se poursuivaient dans la capitale.
Ex-république soviétique, la Moldavie est indépendante depuis 1991. Elle détient le triste record du pays le plus pauvre d'Europe. Les élections législatives du 5 avril 2009 ont été remportées par le Parti communiste avec 50 % de suffrages exprimés. L'OSCE a déclaré que le scrutin était globalement conforme aux standards internationaux, mais des membres de l'organisation ont remis en question ce constat. L'opposition demande que soit organisé un nouveau décompte des votes.
Enclavée entre la Roumanie et l'Ukraine, la Moldavie est le théâtre, depuis 1992, d'un conflit frontalier non résolu. La région de la Transnistrie, soutenue par Moscou, a autoproclamé son indépendance et gère de facto un territoire de 4 000 km2 environ. Le résultat des élections législatives a ravivé les tensions entre les factions pro-russe et pro-occidentale de la population, tiraillées l'une et l'autre entre passé soviétique et aspiration à intégrer l'Union européenne.
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Updated on
20.01.2016