Une station locale incendiée, les violences à l'encontre des médias demeurent impunies
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Reporters sans frontières condamne l'incendie des locaux de dzVT, une station de radio appartenant à l'Eglise catholique, à San Jose, dans la province du Mindoro Occidental (île de Luzon), le 26 octobre 2011. Des hommes non identifiés ont mis le feu à la station, détruisant l'équipement de transmission et causant des dommages estimés à dix millions de pesos (environ 230 000 U.S. dollars).
"Nous sommes indignés par la violence des représailles dont sont victimes de plus en plus de médias, pour de simples commentaires diffusés localement. Les autorités de Luzon auraient dû assurer la sécurité du personnel de dzVT compte tenu du fait que la station avait déjà fait l'objet d'attaques quelques jours auparavant. Elles doivent désormais mener une enquête approfondie et retrouver les auteurs et les commanditaires du crime," a déclaré Reporters sans frontières.
"Il existe une cinquantaine de radios sur l'Ile, et des centaines dans tout le pays. Le gouvernement ne peut plus faire l'économie de mesures concernant la sécurité des professionnels des médias, sans lesquelles tueurs à gages, milices privées et groupes terroristes tels que la New People Army (branche armée du parti communiste des Philippines-marxiste-léniniste), continueront d'agir en toute impunité," a ajouté l'organisation.
Selon la gardienne de la station, blessée alors qu'elle essayait d'éteindre le feu, le sinistre aurait déclenché vers une heure du matin. La majeure partie de l'équipement (émetteurs radio et ordinateurs) ont été détruits. La police régionale aurait par ailleurs retrouvé un réservoir d'essence, confirmant la piste criminelle. Selon un journaliste local, la station dzVT pourrait avoir fait la cible de représailles suite à la diffusion à l'antenne de commentaires critiques à l'égard d'un politique local.
Un an après la prise de fonction de Benigno Aquino III, qui avait, durant sa campagne, pris des engagements en faveur de la liberté de la presse et de la protection des professionnels des médias, les intimidations et les violences à l’encontre de ces derniers n’ont pas cessé et la justice semble toujours aussi lente.
Le 7 octobre dernier, Johnson Pascual, rédacteur en chef du journal local Prime News, visé par les tirs de deux hommes à moto, a perdu le contrôle de son véhicule qui s’est écrasé dans un ravin, au nord de l’île de Luzon. Une enquête est en cours. Sept jours plus tard, le présentateur radio Datu Roy Bagtikan Gallego, connu pour ses critiques à l'encontre des activités minières et sa défense des droits tribaux, a été à son tour abattu à Lianga (sud du pays).
Sur l'île de Palawan (Sud-ouest), le 15 septembre, la fille de Louie Larroza, présentateur sur dyEC radio, a été enlevée huit heures durant. Le journaliste aurait été contraint d'arrêter ses émissions, qui traitaient de la corruption et d’autres activités illégales dans la province, et aurait mis un terme à ses activités.
Le 22 août, après avoir reçu des menaces d’un politicien qu’il avait critiqué en ligne, le présentateur de DYRI-RMN Radio, Niel Jimena, a été abattu par deux hommes à moto près de son domicile, sur l’île de Negros.
Le 14 juillet, le présentateur de dxCo Radyo Asenso, à Mindanao, Ronnie Waniwan, a reçu des menaces de morts via SMS et des appels non identifiés, durant la diffusion de deux de ses programmes où étaient évoqués des problèmes politiques locaux.
Près de deux ans après le massacre de Maguindanao, au cours duquel trente-deux journalistes avaient été tués, la situation de la liberté de la presse aux Philippines s'aggrave dangereusement. Le pays se situe au 156e rang, sur 178 pays recensés, dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010.
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Updated on
20.01.2016