Une manifestation silencieuse appelle au respect de la liberté d’expression

Les journalistes des radios Violeta Stéreo et La voz de Yopal ont débranché leurs micros, mercredi 28 juillet, et se sont réunis, le visage bâillonné, sur la place centrale de la ville de Yopal, capitale du département de Casanare au nord-est de la Colombie, pour appeler au respect de la liberté d’information. Cette action a été menée pour exprimer leur solidarité avec huit de leurs collègues travaillant pour les radios Violeta Stéreo et La voz de Yopal, actuellement sous le coup des accusations ‘‘d’injure et de calomnie’’. Le gouverneur du département de Casanare, Raúl Flórez, a en effet porté plainte contre César Colmenares, Martha Isabel Cifuentes, Martha Cabezas, Iván Vargas, Amparo Acuña, de l’émission ‘‘Contacto Noticias’’, de la radio Violeta Stereo, ainsi que Rubén Darío Venegas, Jorge Luis Ospina et Javier Gaviria, de l’émission ‘‘La Voz de Casanare’’, de la radio La voz de Yopal, pour des propos jugés diffamatoires le concernant, au cours d’émissions diffusées entre février et avril 2010. Les journalistes auraient divulgués que Raúl Flórez était sous le coup d’une enquête véhiculée par le Ministère public. Ils avaient également dévoilé que son plan de développement départemental n’avait été mis en œuvre que partiellement. Jugeant ces informations fausses, Raúl Flórez avait porté plainte contre les huit journalistes. La mobilisation du mercredi 28 juillet est ‘‘un geste manifestant notre indignation concernant la plainte déposée par le gouverneur’’, ont déclaré les journalistes présents sur place. Ils jugent ces différentes plaintes déposées par Raúl Flórez contraires aux principes du droit à l’information et à l’opinion consacrés par la Constitution colombienne. Elles démontrent une utilisation arbitraire de son pouvoir coercitif, ayant pour but de bâillonner les médias et d’occulter les dysfonctionnements dans sa gestion du département de Casanare. Reporters sans frontières demande au gouverneur Raúl Iván Flórez Chávez de retirer sa plainte contre les huit journalistes pour ‘‘injure et calomnie’’ et l’invite à suivre le processus légal pour solliciter une ‘‘rectification’’, s’il juge les propos diffamatoires, ou à utiliser son droit de réponse. Les journalistes concernés nous ont signalé qu’ils avaient à plusieurs reprises proposé au gouverneur de s’expliquer, mais qu’à aucun moment celui-ci n’avait pris la peine de répondre. Ils ont ajouté qu’ils possédaient différents types de documents attestant leurs dires, et qu’ils iront jusqu’au bout du procès. La classification pénale des délits d’injure et de calomnie, actuellement en vigueur en Colombie, va à l’encontre du principe de la liberté d’expression reconnu par l’article 13 de la Convention américaine des droits de l’homme. De même, il contredit le principe numéro 10 de la Déclaration de principe relative à la liberté d’expression, disposant que ‘‘la protection de la réputation doit être garantie à travers les seules sanctions civiles, dans les cas où la personne offensée est un fonctionnaire public ou une personnalité publique’’.
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Updated on 20.01.2016