Une journaliste indépendante basée aux Etats-Unis inculpée de "sédition" et remise en liberté provisoire après une semaine de détention
Organisation :
Reporters sans frontières demande l'abandon des poursuites pour "sédition" engagées après une semaine de détention contre la journaliste indépendante Fatou Jaw Manneh, arrêtée le 28 mars 2007 à sa descente d'avion par les services de renseignements, alors qu'elle réside depuis dix ans aux Etats-Unis.
"Cette affaire est révélatrice de la nature intolérante du gouvernement gambien, qui peut s'appuyer sur des lois liberticides pour habiller son désir de vengeance. Après avoir muselé les journalistes du pays, par l'arbitraire et la violence, le pouvoir s'en prend à tous ceux qui passent à sa portée. Aujourd'hui, il envoie un signal menaçant envers tous ceux qui sont en désaccord avec la politique gouvernementale et qui l'affirment publiquement", a déclaré l'organisation.
Fatou Jaw Manneh a comparu le 4 avril devant le tribunal de Kanifing, une localité à 12 km de la capitale, qui l'a inculpé de trois chefs d'accusation : "intention de commettre un acte de sédition" ("intention to commit sedition"), "publication de matériel séditieux" ("publication of seditious words") et "publication de fausses nouvelles dans l'intention de provoquer la peur et l'alarme dans l'opinion" ("publication of false news intended to create public fear and alarm"). Elle encourt trois ans de prison. Le tribunal l'a relâché contre une caution de 25 000 dalasis (environ 800 euros) et a reporté son procès au 11 avril.
Ancienne journaliste du quotidien privé Daily Observer et collaboratrice du site Internet AllGambian.net, Fatou Jaw Manneh est notamment poursuivie pour la publication d'un article, en octobre 2005, dans lequel elle accusait le président Yahya Jammeh de "réduire notre cher pays en lambeaux" ("tearing our beloved country to shreds") et décrivait le chef de l'Etat comme "un paquet de terreur" ("a bundle of terror").
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30.03.2007 Une journaliste et militante d'opposition arrêtée à sa descente d'avion par les services de renseignements
Reporters sans frontières demande la libération de Fatou Jaw Manneh, journaliste indépendante et militante démocrate, arrêtée le 28 mars 2007 par la National Intelligence Agency (NIA, services de renseignements) à son arrivée à l'aéroport international de Banjul.
"Aucune procédure judiciaire, une opacité totale et un mépris pour la légalité : telle est la signature de la NIA, le bras armé du chef de l'Etat. S'opposer au président Yahya Jammeh ou exprimer une opinion différente est devenu un exercice à hauts risques, qui peut faire basculer n'importe quel citoyen, et singulièrement les journalistes, dans la zone de non-droit des prisons gambiennes", a déclaré l'organisation.
Résidente aux Etats-Unis depuis une dizaine d'années, Fatou Jaw Manneh a été arrêtée à sa descente d'avion, en provenance de Dakar (Sénégal), alors qu'elle venait en Gambie pour rendre visite à sa famille. Interpellée par des agents de la NIA après qu'un passager l'avait dénoncée, elle a été conduite au quartier général des services de renseignements, sur le front de mer de Marina Parade, à Banjul. Aucune charge officielle n'a été retenue contre elle et on ignore les motifs de sa détention.
Ancienne journaliste du quotidien privé Daily Observer, Fatou Jaw Manneh est une militante connue pour son engagement prodémocrate. Collaboratrice de plusieurs sites Internet et du "Save The Gambia Democracy Project", un mouvement d'opposition, elle a publié, en 2003, un article dans le quotidien aujourd'hui fermé illégalement, The Independent, qui avait provoqué l'arrestation et la détention arbitraire, pendant trois jours, de son rédacteur en chef, Abdoulie Sey. Cet article, intitulé "Jammeh Under The Microscope" ("Jammeh sous le microscope"), évoquait la pauvreté endémique et la corruption en Gambie, estimant que le président Yahya Jammeh avait "trompé tout le monde" ("failed us all").
Reporters sans frontières réitère par ailleurs son appel à la libération immédiate de "Chief" Ebrima Manneh, journaliste du quotidien privé Daily Observer, qui avait disparu le 7 juillet 2006. Début janvier 2007, le trihebdomadaire d'opposition Foroyaa a révélé qu'il était détenu sans procès, au commissariat de Fatoto, une petite ville à 400 km à l'est de la capitale. Le journaliste a été arrêté pour une raison inconnue, peu après la clôture du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA), qui s'est tenu à Banjul les 1er et 2 juillet 2006. Plusieurs arrestations avaient alors eu lieu au sein de la presse indépendante, accusée d'avoir perturbé l'événement.
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20.01.2016