Depuis la publication sur le site de
L’Obs d’un article intitulé «
Après les attentats, la solidarité de la Chine n'est pas sans arrière-pensées », la journaliste
Ursula Gauthier, correspondante permanente de l’hebdomadaire à Pékin, fait l’objet d’une campagne de diffamation par les médias officiels chinois et d’une série d’attaques en ligne.
Publié en ligne le 18 novembre dernier, son article évoque la politique anti-terroriste menée par les autorités chinoises dans la région autonome du Xinjiang. Le lendemain, le quotidien
Huanqiu Shibao (Global Times), affilé au
Renmin Ribao (Quotidien du peuple) - l’organe de presse officiel du PCC - publiait un
éditorial incendiaire accusant la journaliste d’appliquer un raisonnement faisant « deux poids deux mesures ».
L’éditorial du
Huanqiu Shibao a été repris par de nombreux médias et sites web, notamment des forums militaires. Dans les sections dédiées aux commentaires du
Quotidien du peuple en ligne, un véritable lynchage médiatique de la journaliste s’est organisé, entre appels à son expulsion et menaces de mort. La violence se déchaîne également sur les forums dédiés aux sujets militaires qui se sont emparés de l’affaire, notamment sur les portails
Sina.com et
163.com. Selon le Club des correspondants étrangers de Chine (
Foreign Correspondents’ Club of China - FCCC), l’adresse et la photo d’Ursula Gauthier auraient été diffusées sur ces forums.
Le Club des correspondants étrangers de Chine, organisation illégale faute de reconnaissance d’un statut officiel par Pékin, souligne dans un communiqué que la carte de presse d’Ursula Gauthier n’a pas été renouvelée par l’administration chinoise. La journaliste aurait en outre été convoquée par le ministère des Affaires étrangères chinois qui a tenté de lui faire admettre que son article était erroné.
«
RSF s’associe au Club des correspondants étrangers de Chine pour dénoncer ces tentatives d’intimidation à l’égard de la journaliste Ursula Gauthier, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
D’ordinaire si promptes à censurer la section des commentaires des sites d’information chinois, les autorités ont cette fois autorisé un déferlement de haine et d’agressivité à l’encontre de la journaliste afin de servir leur propre rhétorique. Nous appelons en outre Pékin à cesser d’utiliser le levier des accréditations pour intimider les journalistes étrangers et entraver leur travail d’information sur son territoire. »
Harcèlement de la part des autorités, obstruction et tentatives d’intimidation restent de mise pour les journalistes étrangers et leurs fixeurs locaux. En 2015, la Chine, classée
176e sur 180 au Classement de la liberté de la presse, a continué d’accentuer sa répression à l’encontre de la presse étrangère. Après les explosions de Tianjin en août dernier,
plusieurs journalistes étrangers ont été malmenés et empêchés d’effectuer leur travail correctement. Le FCCC a également recensé dans un
rapport paru au mois de septembre plusieurs cas de journalistes étrangers harcelés au cours des six derniers mois.