Ljubica Letinic, journaliste de la radio-télévision d'Etat, a été condamnée par la Cour suprême de Split à deux de mois de prison avec sursis pour diffamation. Reporters sans frontières est indignée par cette décision contraire aux standards internationaux. L'organisation s'interroge sur la capacité, pour un pays qui prévoit des peines de prison pour les délits de presse, à intégrer l'Union Européenne en 2007.
Ljubica Letinic, journaliste d'Hravtska Radiotelevizija (HRT), radio-télévision d'Etat et correspondante de Reporters sans frontières, a été condamnée, le 10 février 2005, à deux mois de prison avec sursis pour diffamation par la Cour suprême de Split (Sud). Reporters sans frontières exprime son « indignation » face à cette condamnation « contraire aux standards internationaux ».
« Alors que doivent débuter les négociations d'adhésion de la Croatie à l'Union Européenne le 17 mars prochain, cette condamnation souligne le caractère inacceptable d'une législation qui permet de condamner un journaliste à une peine de prison pour un délit de presse », a déclaré l'organisation. « Si Zagreb désire intégrer l'Union en 2007, les journalistes croates ne doivent plus risquer d'être emprisonnés pour avoir exercé leur métier », a ajouté l'organisation.
L'affaire a débuté le 18 mars 20002. Ljubica Letinic est l'auteur d'un reportage de six minutes diffusé ce jour-là dans le talk-show « Latinica » de la HRT. Dans son enquête, la journaliste a porté des accusations de corruption à l'encontre d'un certain nombre de personnalités de la ville de Split. Elle a notamment cité le maire de la ville et l'homme d'affaires Jozo Parcina, qui auraient bénéficié d'appartements luxueux appartenant au parc municipal.
Le 12 juillet 2004, la cour municipale de Split a condamné Ljubica Letinic à deux de mois prison avec sursis pour diffamation à l'encontre de Jozo Parcina. La journaliste a alors décidé de faire appel.
« Je me doutais que la peine serait confirmée en appel, car la cour municipale de Split est vraiment problématique. Les problèmes de corruption que j'avais évoqués dans mon reportage concernent également la cour municipale de la ville », a déclaré la journaliste à Reporters sans frontières, à l'issue du verdict d'appel.
Le 11 novembre 2004, Vladimir Matijanic, journaliste de l'hebdomadaire Feral Tribune avait également été condamné par la cour municipale de Split à trois mois de prison avec sursis. Il était accusé de diffamation par Igor Stimac, un joueur de football soupçonné d'être impliqué dans des activités criminelles.
L'actuelle loi sur la presse croate prévoit des peines allant jusqu'à un an de prison pour diffamation. L'article 309 permet notamment d'infliger une peine de trois ans de prison pour toute insulte ou critique entravant le travail d'un juge ou d'un procureur.