La journaliste autrichienne Sandra Bakutz est détenue en prison depuis maintenant un mois, dans des conditions discutables, en attente de son procès qui doit avoir lieu le 30 mars à Ankara. Rien ne justifiant sa détention d'ici-là, Reporters sans frontières demande sa libération immédiate.
Reporters sans frontières demande une nouvelle fois la libération de Sandra Bakutz, détenue depuis un mois en Turquie. « Cet emprisonnement repose sur de vagues soupçons. Une audience a été fixée et rien ne justifie la détention de la journaliste d'ici là. Elle s'est rendue en Turquie pour effectuer un travail journalistique et ne doit pas être traitée comme une terroriste, a déclaré Reporters sans frontières. De plus, la procédure judiciaire n'est pas respectée puisqu'aucun mandat d'arrêt international n'a été délivré contre Sandra Bakutz ».
Journaliste pour la radio autrichienne Orange 94.0 et pour l'hebdomadaire allemand Junge Welt, Sandra Bakutz a été arrêtée par la police, le 10 février 2005, à l'aéroport Atatürk d'Istanbul. Elle est accusée d' « appartenance à une organisation illégale ». Le
16 février, elle a été conduite à la maison d'arrêt de Pasakapisi à Istanbul, avant d'être transférée dans la prison de Gebze,
50 km plus au Sud. Elle a ensuite été conduite, le 1er mars 2005 à 9h30 du matin, à la prison Ulucanlar d'Ankara, établissement tristement célèbre en raison des tortures qui y furent longtemps pratiquées, et dans lequel sont incarcérés la plupart des prisonniers politiques turcs. La 11e chambre de la Cour des lourdes peines (équivalent d'une Cour d'assises) est en charge du dossier, et trois avocats turcs doivent défendre la journaliste autrichienne, maîtres Selçuk Kozagagli, Özgür Yilmaz et Betül Vangölü.
Mustafa Kelkit, procureur de la République à Ankara, poursuit Sandra Bakutz en vertu de l'article 168 alinéa 2 du code pénal turc, pour « appartenance à une organisation illégale », en l'occurrence l'organisation DHKP-C, mouvance d'extrême gauche classée par les Etats-Unis et l'Union européenne parmi les organisations terroristes. Son appartenance à cette organisation n'a pas été démontrée.
Une première audience a été fixée au 30 mars. La journaliste risque une peine de 10 à 15 ans de prison.
Ses avocats ont déposé une requête le 7 mars en vue de la libération de la journaliste dans l'attente de son procès. Les autorités turques n'ont jusqu'à présent pas daigné répondre.
Sandra Bakutz est en bonne santé, mais elle n'est pas autorisée à téléphoner ou à avoir d'autres contacts avec l'extérieur.