Reporters sans frontières exprime toute son horreur après le meurtre de Marlyne Garcia Esperat. L'organisation demande aux autorités de retrouver rapidement les coupables, afin que la mort tragique de l'éditorialiste du Midland Review ne reste pas impunie.
Un groupe d'enquête spécial est chargé de retrouver les coupables
La police nationale des Philippines a mis en place, le 28 mars, un groupe d'investigation qui sera dirigé par les commissaires de police Rodolfo Mendoza et Antonio Billones, responsables de la police de l'ouest de l'île de Mindanao.
Cette décision fait suite à la déclaration de la présidente de la République des Philippines, Gloria Arroyo, qui a ordonné « la mise en place d'une enquête approfondie » sur le meurtre de la journaliste.
Silvestre Afable, directeur de communication de la présidence, a précisé que « le gouvernement pourrait offrir une récompense afin d'arrêter les coupables le plus rapidement possible ».
Une mission de Reporters sans frontières se rendra aux Philippines du 7 au 13 avril, afin d'enquêter notamment sur les assassinats de journalistes
Peu de temps avant sa mort, Marlyne Esperat travaillait sur des affaires de corruption.
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26 mars 2005
Une journaliste assassinée sous les yeux de sa petite fille
Le 24 mars 2005, Marlyne Garcia Esperat, éditorialiste pour l'hebdomadaire Midland Review, a été assassinée par des inconnus, à son domicile de Tacurong (située sur l'île de Mindanao, au sud du pays). Il s'agit du deuxième meurtre de journaliste aux Philippines depuis le début de l'année.
Reporters sans frontières « exprime son horreur après ce nouvel assassinat dans l'archipel qui s'est déroulé dans le cadre familial et au moment des fêtes de Pâques. Il est urgent de rétablir un climat favorable au travail des professionnels de l'information qui font l'objet de violences répétées et dont les auteurs bénéficient d'une totale impunité. Nous vous demandons de prendre les mesures nécessaires pour protéger les journalistes et de vous assurer qu'une enquête sérieuse déterminera les motifs exacts de l'assassinat de Marlyne Garcia Esperat. Aucune hypothèse ne doit être écartée mais la piste professionnelle semble d'ores et déjà la plus vraisemblable. Une mission de Reporters sans frontières se rendra aux Philippines du 7 au 13 avril, afin d'enquêter notamment sur les assassinats de journalistes », a écrit l'organisation au ministre de l'Intérieur, Angelo Reyes.
Marlyne Garcia Esperat bénéficiait d'une escorte policière. Le 24 mars, elle a pourtant donné congé à ses gardes du corps, à l'occasion des fêtes de Pâques. Selon la police locale, deux tueurs ont fait irruption au domicile de la journaliste vers 19h30, et l'ont tuée d'une balle dans la tête, sous les yeux de sa fille de 10 ans. En tirant, le meurtrier a simplement déclaré : « Bonsoir, chère madame. » Selon des témoins cités par la police, le tueur aurait ensuite tranquillement quitté les lieux à pied, en compagnie de son complice.
L'éditorialiste du Midland Review avait 45 ans.
« Nous n'avons pas encore établi les motifs de ce meurtre, mais il n'est pas exclu qu'elle ait été tuée en raison de ses activités journalistiques », a déclaré l'inspecteur général Raul Supiter, directeur de la police de Tacurong, au journal Mindanews.
La journaliste était effectivement réputée pour sa croisade
anti-corruption et pour le caractère corrosif de ses commentaires. Selon le quotidien Inquirer, peu de temps avant sa mort, Marlyne Garcia Esperat menait une enquête sur des affaires de népotisme dans la ville de Sultan Sa Barongis (île de Mindanao) et sur une escroquerie d'environ 750 000 euros au bureau du service régional d'agriculture de la ville.
L'archipel est considéré comme le second pays le plus dangereux après l'Irak. Reporters sans frontières rappelle que six journalistes ont été tués dans le pays en 2004 pour avoir exercé leur métier. Sept autres ont été abattus sans que l'on puisse précisément en déterminer les motifs. Une dizaine d'autres ont été victimes de tentatives d'assassinat. L'année 2005 s'annonce aussi meurtrière. Le 28 février 2005, Arnulfo Villanueva, chroniqueur pour le journal Asian Star Express Balita, avait été découvert mort à Naic (province de Cavite, sud de Manille). Depuis le début de l'année, au moins six autres journalistes ont été menacés de mort ou violemment agressés.