Une descente de police dans les locaux du Sunday Times relance la question de la protection du secret des sources

Reporters sans frontières renouvelle son appel à l'adoption d'une loi protégeant le secret des sources des journalistes, suite à une perquisition de la brigade de répression des fraudes, le 30 avril 2008, dans les locaux du Sunday Times, à Perth (Sud-Ouest). "L'intrusion des forces de police dans la rédaction de ce journal, après de récentes révélations concernant un important détournement d'argent public à des fins électorales, constitue une atteinte à la liberté d'information et une tentative d'intimidation des journalistes. Cet incident regrettable démontre une nouvelle fois l'incapacité des autorités de l'Etat d'Australie-Occidentale à faire preuve de transparence dans la gestion des affaires publiques et à accepter la diffusion d'informations compromettantes", a déclaré Reporters sans frontières. "Alors que les conflits entre les autorités locales et la presse se multiplient, le gouvernement fédéral doit prendre des mesures concrètes pour apporter une protection juridique aux journalistes et à leurs sources. L'Australie est une démocratie construite sur le principe du respect de la liberté d'expression, et devrait offrir un meilleur exemple à ses voisins", a ajouté l'organisation. Seize agents de la brigade de répression des fraudes ont perquisitionné, dans l'après-midi du 30 avril, les locaux du Sunday Times, situés dans le centre de Perth. Les forces de police ont bloqué les accès du bâtiment et inspecté les bureaux pendant quatre heures, examinant de nombreux documents et fouillant toutes les personnes qui sortaient. Le rédacteur en chef de ce journal à sensation, Sam Weir, a été interrogé pendant une heure. La perquisition devait permettre de saisir des documents concernant les "fuites" à l'origine d'un article, paru le 10 février dernier, révélant que le ministre local des Finances, Eric Ripper, avait demandé près de 10 millions d'euros pour des "campagnes de communication stratégiques". Selon l'article, l'argent devait servir à financer la campagne électorale du Parti travailliste et assurer la réélection du gouvernement d'Alan Carpenter en Australie-Occidentale. L'intervention de la police a été dénoncée par News Limited, filiale de la compagnie de Rupert Murdoch News Corp. propriétaire du titre, le syndicat de journalistes Media, Entertainment and Arts Alliance (MEAA), l'organisation Australia's Right to Know et l'Australian Press Council. Reporters sans frontières demande une loi bouclier (shield law) qui empêcherait la justice et la police de contraindre un journaliste à révéler ses sources, sauf dans des "affaires exceptionnelles impliquant de manière irréfutable l'intérêt public". Enfin, l'organisation de défense de la liberté de la presse exprime son soutien à Sam Weir, rédacteur en chef du Sunday Times, et salue sa détermination à révéler des affaires d'intérêt général.
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Mise à jour le 20.01.2016