Un week-end en prison pour avoir critiqué le Président
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Reporters sans frontières est stupéfaite par l'arrestation et le maintien en détention pendant 60 heures du chroniqueur du quotidien arabophone privé Al-Sahafa, Zouhair Al-Sarraj. Ce journaliste avait publié un article faisant état d'une apparente indifférence du Président face aux plaintes des citoyens.
« Ainsi, la levée de la censure, en juillet 2005, ne signifiait pas que l'époque de la surveillance de la presse par la police était révolue, a déclaré Reporters sans frontières. En appeler à un sursaut du chef de l'Etat n'est pas un crime. Or, beaucoup de zèle a été déployé pour contraindre Zouhair Al-Sarraj à passer le week-end en prison. Avant qu'un procès abusif vienne s'ajouter au scandale de cette arrestation, toutes les charges portées contre le rédacteur en chef de Al-Sahafa et son chroniqueur doivent être abandonnées. »
Un responsable du département des médias et de la presse des Forces nationales de sécurité soudanaises a téléphoné à Zouhair Al-Sarraj, le 30 décembre 2005 en début de soirée, et l'a convoqué au commissariat de police du district d'Amarat, à Khartoum. Interrogé pendant une heure, il a ensuite été transféré au quartier général de la police où il a été questionné pendant quatre heures. Placé en détention à la prison de Kober, il n'a comparu devant le procureur de Khartoum que le 2 janvier 2006 à 12 heures. Après cinq heures d'interrogatoire en compagnie du rédacteur en chef de Al-Sahafa, Adil Albaz, le procureur a relâché les deux journalistes sous caution après leur avoir signifié leur inculpation pour « insulte au Président ».
Zouhair Al-Sarraj et Adil Albaz sont poursuivis pour un article paru dans le numéro 4514 du 30 décembre, dans lequel le chroniqueur affirmait que des citoyens soudanais s'étaient plaints auprès du chef de l'Etat, Omar El-Bechir, mais qu'il semble « que la personne sollicitée n'est pas vivante ».
Un comité de soutien aux deux journalistes a été constitué, comprenant notamment plusieurs professionnels des médias et Ghazi Suleiman, avocat et député du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ancienne rébellion). Le secrétariat du comité est composé de sept journalistes de renom de la capitale soudanaise, dont le correspondant de Reporters sans frontières, Faisal El-Bagir.
Publié le
Updated on
20.01.2016