Un sixième journaliste contraint de fuir sa région depuis le début de l'année
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Reporters sans frontières est indignée d'apprendre que Marcos Perales Mendoza, directeur du mensuel La Portada à Barrancabermeja (département de Santander, Nord) a été obligé de quitter sa région. Le journaliste était victime de menaces de mort depuis le mois de mai 2005 en raison de ses nombreux articles dénonçant le corruption locale. Le 22 juillet 2006, un message lui est parvenu l'avertissant d'un attentat commis contre sa personne dans un délai d'un mois. Marcos Perales Mendoza est aussitôt parti de Barrancabermeja vers une destination tenue secrète pour des raisons de sécurité.
“Marcos Perales Mendoza est le sixième journaliste à devoir fuir son lieu de travail depuis le début de l'année. La situation de certains médias locaux est de plus en plus critique. Le gouvernement et l'autorité judiciaire doivent réagir en n'hésitant pas à engager des procédures contre certains élus qui s'imaginent que le suffrage leur garantit l'impunité. Les attaques contre les médias ne sont pas le seul fait des acteurs du conflit armé”, a déclaré Reporters sans frontières.
Tiré à 5 000 exemplaires, le mensuel d'investigation La Portada s'est fait une spécialité de dénoncer la corruption de la fonction publique locale, en interpellant parfois directement les autorités. Au mois de juin, Marcos Perales Mendoza a révélé des irrégularités dans l'attribution d'un marché public d'exploitation de l'aqueduc de Barrancabermeja. Alerté, le parquet local a ordonné à la municipalité d'annuler la passation du marché. Le 22 juillet, le journaliste a reçu des menaces par courrier électronique, lui proposant l'envoi d'une couronne de fleurs pour ses funérailles. Le message insistait sur le fait que le maire de Barrancabermeja, Edgar Cote, irait jusqu'au bout de son mandat et que le journaliste ne connaitrait pas le suivant.
Marcos Perales Mendoza a indiqué avoir été la cible d'intimidations après chaque publication d'un article sur une affaire sensible, depuis mai 2005. La première fois, il avait reçu un sac de contenant une feuille avec des lettres collées, tirées de journaux, et accompagné de trois photos de cadavres, avec le message: “Laisse le maire tranquille ou tu finiras comme ça”. Le journaliste avait alors déposé plainte au parquet, mais jusqu'à maintenant, il n'a connaissance d'aucune avancée dans l'enquête. Depuis le début de l'année 2006, il a reçu trois autres menaces par courrier électronique, et sa famille a également été victime d'intimidations. Des inconnus se sont introduits à son domicile pour simuler un cambriolage.
Des journalistes de Barrancabermeja ont déclaré à Reporters sans frontières que le maire Edgar Cote est réputé pour sa gestion controversée, ce qui lui a valu des ennemis au sein même du conseil municipal. Récemment, ses partisans ont perturbé une conférence presse organisée par des élus, en défonçant les portes, et en marquant d'un X, sur une photo, le visage de certains conseillers municipaux.
Publié le
Updated on
20.01.2016