Un reporter vraisemblablement détenu par l'armée, après avoir été kidnappé par les taliban

Reporters sans frontières demande aux autorités pakistanaises de fournir des informations sur le sort du reporter freelance Mohammad Rasheed, vraisemblablement détenu par l'armée. Il aurait été appréhendé après avoir été enlevé pendant quelques jours par un groupe taliban du Nord-Waziristan. "Je ne sais pas où il est. Toute sa famille est très inquiète", a expliqué son épouse à Reporters sans frontières. "Il est urgent que le gouvernement fournisse des explications sur la possible détention de ce journaliste indépendant dont le seul tort est visiblement d'avoir été arrêté par des taliban. En le détenant, l'armée l'expose à de nouveaux risques puisqu'il pourrait être accusé d'avoir donné des informations. Ce n'est pas la première fois que l'armée et les services secrets agissent de la sorte. Ce n'est pas acceptable", a déclaré l'organisation. Le journaliste Mohammad Rasheed serait détenu par des militaires pakistanais après avoir été escorté puis relâché par des taliban au poste de contrôle militaire de Mirzael, dans la région de Bannu, le 4 janvier. Des militaires ont affirmé à la femme du journaliste qu'il serait "bientôt de retour à la maison". Un autre journaliste, Rehmatullah Shaheen, du quotidien baloutche Daily Tawar, a été détenu en secret, du 8 au 15 décembre 2009, par la police. Il est toujours emprisonné. Au moins deux autres reporters sont actuellement détenus au Pakistan. Le 5 janvier puis le 7 janvier, Reporters sans frontières a contacté le porte-parole de l'armée pakistanaise, Athar Abbas, qui a affirmé "être au courant" du cas de Mohammad Rasheed, originaire de Rawalpindi. Sa femme a lancé un appel en demandant à la communauté journalistique d'unir leurs efforts pour la libération de son mari. Le dernier appel qu'elle a reçu de son mari date du 28 décembre alors qu'il était captif des taliban. Les taliban ont annoncé officiellement l'arrestation de Mohammad Rasheed le 29 décembre 2009. Le journaliste avait été interpellé par des hommes armés deux jours plus tôt, alors qu'il filmait dans le bazar de Miranshah, ville principale de la zone tribale du Nord-Waziristan. Un groupe de journalistes des zones tribales avait négocié la libération de Mohammad Rasheed avec le groupe taliban dirigé par Hafiz Gul Bahadar. Les taliban ont interdit la présence de journalistes non originaires des zones tribales. Les professionnels des médias sont soupçonnés d'être des "espions" et risquent la peine capitale. De son côté, l'armée entrave le travail des journalistes étrangers et pakistanais dans les zones tribales, notamment au Sud-Waziristan. Précédent communiqué sur les zones tribales : http://www.rsf.org/Reporters-sans-frontieres-demande,34964.html Vidéo sur les conditions de travail dans la région de Peshawar : http://www.rsf.org/Danger-pour-les-journalistes-au.html
Publié le
Updated on 20.01.2016