Un quotidien en arabe confisqué par les services de renseignement : la censure ne faiblit pas
Organisation :
Lire en arabe (بالعربية)
Reporters sans frontières condamne vigoureusement la confiscation du quotidien arabophone Al-Sudani par les services de renseignement et de sécurité (National Intelligence and Security Services - NISS), dernier acte de censure de la presse recensé au Soudan. Quatorze mille copies de ce journal progouvernemental ont été saisies, le 22 janvier 2013, sans qu'aucune justification ne soit fournie. Autrefois indépendant et critique envers le pouvoir, le quotidien a été racheté par un membre du parti dirigeant, le National Congress Party, et reflète depuis la sensibilité politique de son propriétaire.
"La censure des médias, fréquente au Soudan, ne faiblit pas. En 2012, nous avions recensé plus d'une vingtaine de saisies de journaux par les services de renseignement et de sécurité. Ces derniers multiplient actuellement leurs actions et intensifient leurs attaques contre la liberté de l'information. Les journaux proches du gouvernement, qui étaient jusque là épargnés par la censure, sont désormais des cibles ordinaires et contraints de recourir à l'autocensure", a déclaré Reporters sans frontières.
Si aucune explication à la confiscation de Al-Sudani n'a été donnée par les services de renseignement et de sécurité, l'actualité politique du pays semble être à l'origine de leur mesure. Les principaux partis soudanais d'opposition se sont rencontrés dans la capitale ougandaise, Kampala, le 5 janvier 2013, en vue de renforcer leur lutte commune contre le régime en place à Khartoum.
Le gouvernement a alors pris des mesures dirigées contre les opposants, et les services de renseignement et de sécurité soudanais ont imposé aux médias un silence complet sur l'accord signé dans la capitale ougandaise.
Figurant à la 170e place, sur 179 pays, dans le classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012 établi par Reporters sans frontières, le Soudan est bien ancré dans le groupe des dix pays au monde les moins respectueux de la liberté de l'information.
Photo : Ashraz Shazly / AFP
Publié le
Updated on
20.01.2016