Un tribunal de Datça (sud du pays) a condamné, le 19 octobre, Sinan Kara, du bimensuel Datça Haber, à neuf mois de prison pour « insulte par voie de presse » envers le sous-préfet de la ville. « Cette sentence nous paraît totalement disproportionnée », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 19 octobre, le tribunal correctionnel de Datça (côte sud du pays), a condamné Sinan Kara, journaliste du bimensuel Datça Haber et ancien correspondant de l'agence Dogan, à neuf mois de prison ferme assortis d'une amende de 350 euros, pour « insulte par voie de presse » envers le sous préfet de la ville. Gülden Aydin, reporter du quotidien Hürriyet, a été condamnée à 500 euros d'amende pour le même motif.
« Cette décision judiciaire nous paraît totalement disproportionnée et nous espérons que la cour d'appel annulera ces sentences. Les craintes formulées par Reporters sans frontières lors de l'adoption du nouveau code pénal, le 1er juin dernier, sont malheureusement justifiées. Il est urgent que la Turquie, qui a exprimé le désir de rejoindre prochainement l'Union européenne, abolisse les peines de prison pour les délits de presse », a déclaré Reporters sans frontières.
Les deux journalistes ont été condamnés en vertu de l'article 125 du nouveau code pénal (ancien article 482/4, insulte par voie de presse), à la suite d'une plainte déposée par le sous préfet de Datça, Savas Tuncer. Celui-ci reproche à Sinan Kara de l'avoir mis en cause dans un livre publié en mars 2003 et intitulé « Le livre noir de Sinan ». Connu pour ses articles critiques à l'égard des dirigeants politiques locaux, le journaliste évoque dans son ouvrage plusieurs décisions administratives discutables, prises par Savas Tuncer, et l'a accusé indirectement d'influencer les juges et le procureur de la ville.
Dans un article du 4 mai 2002, intitulé « Il a écrit un livre, sa vie a noirci », Gülden Aydin met également en cause le sous-préfet de Datça. Elle y écrit que « dans la petite ville de Datça, les représentants locaux de l'Etat se côtoient. Il suffit à un sous-préfet d'écrire une lettre au procureur ou au juge, ou à ses amis, pour qu'une sanction judiciaire soit ordonnée ».
C'est la troisième condamnation de Sinan Kara pour « insulte par voie de presse », notamment à la suite d'une plainte déposée par le sous-préfet Savas Tuncer. Le journaliste avait été incarcéré du 26 décembre 2002 au 7 février 2003 à la prison de Ula, près de la ville de Mugla (sud-ouest du pays), pour ne pas avoir remis deux exemplaires de son journal au sous-préfet, comme l'exige la loi sur la presse.
Sinan Kara avait été à nouveau incarcéré le 27 octobre 2003 pendant cinq mois à la prison d'Urla, à Izmir (ouest du pays). Il avait été reconnu coupable d' avoir menacé les gardes du corps de Mert Ciller. Le journaliste avait tenté de prendre des clichés du fils de l'ex-Premier ministre Tansu Ciller, en vacances à Datça, en 2000.