Un journaliste ukrainien accusé d’espionnage après un mois de détention au Bélarus

Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de la détention du journaliste ukrainien Pavlo Charoïko, depuis près d’un mois au Bélarus. Le KGB a annoncé le 20 novembre 2017 qu’il était accusé d’espionnage.

Le journaliste ukrainien Pavlo Charoïko sera resté au secret près d’un mois à Minsk avant qu’on n’apprenne sa détention. Trois jours après que son employeur a brisé le silence, le KGB bélarusse a confirmé le 20 novembre que le journaliste était écroué depuis le 25 octobre sous des accusations d’espionnage pour lesquelles il encourt jusqu’à 15 ans de prison. Il ne dispose à ce jour que d’un avocat commis d’office et ne peut recevoir de visites.


Pavlo Charoïko est basé depuis 2011 à Minsk, où il a d’abord travaillé pour l’agence de presse ukrainienne UNIAN avant de rejoindre la station publique Ukrainske Radio. Spécialisé dans la couverture des questions militaires, il a collaboré dans le passé avec plusieurs publications et services de presse liés au ministère de la Défense avant de prendre sa retraite de l’armée.


“Les circonstances de la détention de Pavlo Charoïko sont très inquiétantes, s’alarme Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Le journaliste doit pouvoir accéder à un avocat indépendant de son choix et bénéficier d’un procès équitable. Nous demandons aux autorités bélarusses de garantir qu’il est bien traité et d’assurer la plus grande transparence possible sur cette affaire. La phase d’enquête étant terminée, sa détention n’est plus indispensable.”


D’après le KGB, Pavlo Charoïko se serait servi de ses activités journalistiques comme d’une couverture pour créer un réseau d’espions au Bélarus. Le journaliste serait passé aux aveux, tout comme un collaborateur bélarusse mis en examen pour “haute trahison”. Le KGB affirme par ailleurs avoir mis la main sur certains de ses rapports en perquisitionnant son domicile.


Plusieurs journalistes ont fait face à des accusations d’espionnage dans des circonstances douteuses au Bélarus ces dernières années. Accusé de “haute trahison” et placé au secret pendant deux semaines en 2014, le célèbre journaliste Alexandre Alessine a finalement bénéficié d’un non-lieu. Un autre journaliste ukrainien, Roman Souchtchenko, est emprisonné en Russie depuis septembre 2016 sous des accusations d’espionnage.


Le Bélarus occupe la 153e place sur 180 au Classement mondial 2017 de la liberté de la presse.

Publié le
Updated on 21.11.2017