Un journaliste risque la prison pour “diffamation” : Reporters sans frontières appelle à la clémence à la veille de son procès
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Reporters sans frontières espère que la justice fera preuve de clémence à l'égard de Miguel Salazar, directeur de l'hebdomadaire politique Las Verdades de Miguel, dont le procès pour “diffamation aggravée” s'ouvre le 18 avril 2007 à Caracas. Selon la loi vénézuélienne, le journaliste risque une peine de prison ferme assortie d'une amende.
“L'affaire n'étant pas encore jugée, il ne nous appartient pas d'apprécier le caractère diffamatoire des articles incriminés. Néanmoins, le procès de Miguel Salazar présente deux risques pour la liberté de la presse. D'une part, les trois plaignants, en tant que dépositaires d'une charge publique, s'exposent par nature à la critique, a fortiori d'un hebdomadaire d'opinion. Que la “diffamation” soit ”aggravée” en raison de leurs fonctions pose en soi problème. Ensuite et surtout, une condamnation de Miguel Salazar constituerait une prime à l'autocensure et un véritable revers pour la liberté d'expression. C'est pourquoi nous appelons les magistrats à la clémence”, a déclaré Reporters sans frontières.
Sympathisant du gouvernement d'Hugo Chávez, et cependant critique à son égard, Miguel Salazar avait publié, à la fin de l'année 2003, dans les colonnes de l'hebdomadaire qui porte son prénom, une chronique mettant en cause des affaires de corruption et de violations des droits de l'homme dans l'État de Guárico (Centre).
En janvier 2005, le gouverneur de l'État de Guárico, Eduardo Manuitt, le député José Albornoz et l'ancien ministre Rafael Vargas avaient déposé plainte pour “diffamation aggravée” contre Miguel Salazar et l'un de ses journalistes, Henry Crespo, qui avaient enquêté sur les affaires de corruption. Le 5 mai 2005, ce dernier avait écopé d'une peine de dix-huit mois de prison avec sursis et n'avait pas fait appel. Miguel Salazar avait immédiatement mis en cause la partialité des juges devant le Tribunal suprême de justice de Caracas. Le 10 août 2006, le 29e tribunal de Caracas, saisi du dossier, avait prononcé une mesure conservatoire de privation de liberté contre le journaliste, au motif qu'il ne se présentait pas aux nouvelles audiences préliminaires.
Le 13 mars dernier, le tribunal a mis la mesure à exécution et retenu le journaliste dans l'enceinte judiciaire. La magistrate Norma Torres a cependant levé la privation de liberté, et a ordonné à Miguel Salazar de se présenter devant le tribunal tous les huit jours, avec l'interdiction de quitter le territoire. L'audience sur le fond concernant les poursuites pour “diffamation aggravée” a été fixée au 18 avril.
Le directeur de Las Verdades de Miguel risque une peine allant de deux à quatre ans de prison et une amende pouvant aller jusqu'à 320 000 dollars, selon le code pénal, dont une réforme de 2005 à considérablement durci les sanctions pour les délits de presse.
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Updated on
20.01.2016