Disparition forcée vraisemblable du directeur d’Espacio Público au Venezuela : RSF exige des réponses des autorités
Ce 7 janvier, Carlos Correa, directeur d’Espacio Público, ONG de défense de la liberté de la presse et des droits humains, a été enlevé à Caracas. Une disparition qui survient dans un contexte de répression croissante des autorités, à quelques jours de l’investiture du président Nicolás Maduro pour un nouveau mandat, prévue le 10 janvier. Reporters sans frontières (RSF) demandent aux autorités vénézuéliennes de faire la lumière sur le sort de Carlos Correa, qui a disparu dans des circonstances qui rappellent celles d’arrestations par les forces de sécurité du Venezuela.
Carlos Correa, directeur d’Espacio Público – ONG de défense de la liberté de la presse et des droits humains et partenaire local de RSF –, a été vu pour la dernière fois le 7 janvier 2025, vers 17 heures, dans le centre de Caracas, la capitale du Venezuela. Selon des témoins, il aurait été enlevé par des individus armés, encagoulés et vêtus de noir, qui l’auraient forcé à monter dans un véhicule marron sans plaque d’immatriculation. Depuis lors, son sort reste inconnu et les multiples demandes adressées aux autorités par Espacio Público, sa famille et des dizaines d’organisations de la société civile nationale et internationale sont restées sans réponse.
Ce 8 janvier, la famille de Carlos Correa a déposé une demande d'habeas corpus auprès du palais de justice de Caracas pour exiger que l'on sache où il se trouve, mais d'après les informations dont dispose RSF à ce jour, la famille n'a pas reçu d'accès officiel au système permettant d'assigner un juge à l'affaire. Sa disparition porte les marques des méthodes déjà employées par les forces de sécurité de l’État pour arrêter arbitrairement des voix critiques du gouvernement de Nicolás Maduro. Elle s’inscrit en outre dans un contexte de forte répression, à quelques jours de l’investiture du président Nicolás Maduro pour un nouveau mandat, prévue le 10 janvier. La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a dénoncé la “disparition forcée” du directeur d’Espacio Público. Dans une interview donnée le 8 janvier au soir, le ministre de l'Intérieur vénézuélien, Diosdado Cabello, a accusé Carlos Correa d'utiliser son organisation pour blanchir de l'argent et participer à une conspiration contre le pays.
“Nous exprimons notre vive inquiétude quant au sort de Carlos Correa. Nous exhortons le gouvernement vénézuélien à sortir de son silence, à faire la lumière sur sa situation et à garantir sa sécurité. En raison de son état de santé, au sujet duquel ses proches ont exprimé de vives inquiétudes, RSF insiste sur l’urgence de lui assurer un accès aux soins indispensables, de préserver son intégrité physique et psychologique. Il est urgent qu’il soit libéré.
Universitaire et militant engagé et respecté, avec plus de 20 ans d’expérience dans la défense de la liberté d’expression, Carlos Correa a joué un rôle clé dans la documentation des atteintes aux libertés civiles et à la liberté de la presse dans le pays.
La situation de Carlos Correa met en lumière l’urgence d’un engagement international renforcé pour empêcher une nouvelle détérioration de la liberté de la presse et des droits humains au Venezuela.