Un journaliste mis en examen pour « atteinte au régime monarchique »

Le 28 juin 2005 s'ouvrira le procès d'Abdelaziz Koukas, directeur de publication de l'hebdomadaire arabophone Al Ousbouia Al Jadida. Mis en examen pour « atteinte au régime monarchique », ce journaliste risque de lourdes peines. « Nous condamnons l'utilisation de ce journaliste comme bouc émissaire dans une affaire opposant les autorités à la porte-parole d'un parti politique. Les autorités essaient d'intimider et de discipliner les médias pour que ces derniers ne donnent la parole qu'aux hommes politiques agréés par l'Etat », a déclaré Reporters sans frontières. « Nous demandons l'abandon des charges retenues contre M. Koukas et réitérons notre appel aux autorités marocaines pour la dépénalisation des délits de presse », a ajouté l'organisation. L'hebdomadaire Al Ousbouia Al Jadida a publié, le 2 juin dernier, une interview accordée par Nadia Yassine, la porte-parole officieuse du parti Al Adl Wal Ihssane (Justice et Bienfaisance) dans laquelle cette dernière déclarait que la monarchie ne convenait pas au Maroc et que le régime était sur le point de tomber. Le lendemain, M. Koukas ainsi que les journalistes ayant mené l'interview ont été convoqués par la Direction générale de la sécurité nationale à Rabat pour être interrogés sur les raisons qui avaient motivé cette interview. Les autorités ont reproché aux journalistes de ne pas avoir répondu à Mme Yassine et les ont accusés de faire la propagande de son parti. « Le plus surprenant c'est que je suis le principal accusé dans cette affaire alors que Nadia Yassine est seulement accusée d'avoir participé au délit », a confié M. Koukas à Reporters sans frontières. Selon l'article 41 du code de la presse marocain, toute offense envers la famille royale est punie d'un emprisonnement de trois à cinq ans et d'une amende de 10 000 à 100 000 dirhams (soit l'équivalent de 900 à 9 000 euros). Cette « peine est applicable lorsque la publication d'un journal ou écrit porte atteinte à la religion islamique, au régime monarchique ou à l'intégrité territoriale (…) Le tribunal peut prononcer, par la même décision de justice, l'interdiction du journal ou écrit ». Des journalistes de différentes rédactions qui ont repris les propos de Nadia Yassine ont été convoqués à leur tour par la police judiciaire. Toutefois, M. Koukas est le seul à avoir été mis en examen.
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Updated on 20.01.2016