Un journaliste grec harcelé par des militants d’extrême droite pour ses articles sur les réfugiés

Un correspondant travaillant sur la question des réfugiés sur l’île de Lesbos a été la cible de harcèlement en ligne et de menaces verbales par des militants d’extrême droite, dont des néo-nazis du parti grec Aube Dorée. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités de tout mettre en œuvre pour dissuader les mouvements extrémistes d’agresser des journalistes.

Le correspondant de l’agence de presse nationale grecque ANA-MPA et du site d’information LesvosNews.net sur l’île de Lesbos, Stratis Balaskas, a été victime à la mi-août d’une attaque coordonnée sur le web, après avoir été menacé verbalement. Le journaliste, qui couvre notamment la crise migratoire sur l’île, a d’abord été menacé et insulté par trois militants d’extrême-droite près du port de Mytilène où il travaille. Trois jours plus tard, dans le parc de Tsamakia, il a de nouveau été pris à parti alors qu’il était en reportage. Le lendemain, le 16 août 2018, un de ses articles a été relayé sur internet, ce qui a déclenché une campagne de harcèlement et de menaces de mort appelant à “une punition méritée”.

 

Le journaliste a porté plainte contre ces actes d’intimidation répétés de la part de militants d’extrême droite, dont certains appartiennent au mouvement néo-nazi Aube Dorée.  Leur haine envers les réfugiés les amènent à prendre pour cible les journalistes qui couvrent la crise migratoire :  “Je dénonce les fausses informations qu’ils propagent sur les immigrés, et justement, c’est cela qu’ils n’acceptent pas”, explique Stratis Balaskas. Ce n’est pas un épisode isolé. En mai dernier déjà, plusieurs journalistes avaient été agressés alors qu’ils couvraient une manifestation de soutien aux migrants sur l’île de Lesbos.

 

Suite à la plainte déposée par le journaliste, une quinzaine de personnes ont été poursuivies.  Parmi elles, trois policiers et un militaire. L’un des policiers avait déjà été arrêté pour avoir frappé un migrant albanais, avant d’être relâché après s’être excusé. 

 

“L’arrestation de plusieurs responsables de ces attaques coordonnées, tous membres d’un groupe d’extrême droite, est un signe positif, se félicite Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de RSF. Nous appelons les autorités grecques à envoyer un signal fort à l’ensemble des mouvements radicaux et racistes qui s’en prennent aux journalistes au prétexte que ces derniers informent sur une réalité qui les dérange. Il est essentiel que ces actes ne restent pas impunis pour mettre un terme à ce type d’agressions verbales et en ligne et surtout pour décourager toute tentative de passage à l’acte”.

 

Reporters sans frontières s’était déjà inquiétée de l’augmentation des violences commises contre les journalistes par des membres du parti néo-nazi Aube Dorée. Ces exactions s’ajoutent aux nombreuses entraves auxquelles doivent faire face les journalistes qui couvrent les questions migratoires.

 

La Grèce occupe la 74e place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 29.08.2018