Un journaliste emprisonné un an après sa condamnation par défaut

Rémy Ngono, animateur d'une émission satirique sur la Radio Télévision Siantou (RTS), a été arrêté le 5 août par la gendarmerie nationale de Yaoundé et incarcéré à la prison centrale de Kondengui. Cette incarcération intervient en application d'une décision de justice rendue il y a plus d'un an. Le journaliste avait été condamné par défaut à six mois de prison ferme pour diffamation. "Nous condamnons vivement le fait que Rémy Ngono n'ait pas pu se défendre devant la justice, puisqu'il n'était pas présent lors de son jugement. En conséquence, nous vous demandons solennellement de tout mettre en œuvre pour permettre la tenue d'un nouveau procès respectant les normes internationales en matière d'équité", a écrit Reporters sans frontières dans un courrier adressé à Amadou Ali, ministre de la Justice. "De plus, il est nécessaire de faire la lumière sur les circonstances qui ont présidé à son absence puisqu'il semblerait que Rémy Ngono n'a pas été notifié, ou du moins ne l'a pas été à temps, du dépôt d'une plainte à son encontre", a insisté l'organisation. Reporters sans frontières a également rappelé que la loi camerounaise prévoit un délai, ne dépassant malheureusement pas les cinq jours, permettant à un journaliste de préparer une contre-notification quand il est poursuivi pour un délit de presse, une disposition qui n'a pas été respectée en l'espèce. "La seule faute de Rémy Ngono a été de reprendre dans un esprit moqueur des accusations formulées contre l'homme d'affaires Ketch Jean. Il est regrettable que ce dernier n'ait pas su faire preuve d'humour devant cette forme de liberté d'expression", a encore déclaré l'organisation. Rémy Ngono animait "Kondré chaud", une émission satirique très écoutée, dans le cadre de laquelle il avait repris, en juillet 2002, des accusations de malversations tenues à l'encontre de Ketch Jean par un de ses anciens collaborateurs, Nyami Dieudonné. Le 7 juillet, il avait été condamné à six mois de prison ferme, malgré son absence au tribunal. L'animateur n'a été notifié de sa peine que le 24 juillet 2003, soit plus d'un an après le prononcé du verdict, et a été emprisonné dans la semaine qui a suivi.
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Updated on 20.01.2016