Un journaliste de zone tribale tué dans l'explosion de sa voiture piégée

Reporters sans frontières est révoltée par la mort du journaliste tribal Nasrullah Afridi, tué dans l'explosion de sa voiture piégée, dans une zone de confinement de Peshawar, le 10 mai 2011. "Nous tenons à présenter nos condoléances à la familles et aux proches de Nasrullah Afridi. Cet attentat ciblé est une nouvelle démonstration de l'insécurité qui frappe les journalistes au Pakistan, au plus près de leurs lieux de travail. L'attentat a été perpétrée dans un quartier où de nombreux bureaux d'organisations de médias sont présents. Nous appelons les autorités pakistanaises à mener une enquête approfondie et à tout mettre en œuvre pour briser le cycle infernal de l'impunité", a déclaré l'organisation. "Ces violences auxquelles font face les journalistes, quelle que soit la région dans laquelle ils travaillent, rendent intenables les conditions de travail des médias. Quand ils ne sont pas assassinés dans l'exercice de leur métiers, les journalistes qui parviennent à mener à bien leurs enquêtes sont victimes de représailles, et les responsables de ces violences son rarement inquiétés", a ajouté l'organisation. Nasrullah Afridi, journaliste tribal dans le Tehsil de Bara dans l'Agence de Khyber, frontalière de Peshawar, était correspondant pour le quotidien en langue ourdou Mashriq. Il était venu à Peshawar après avoir reçu des menaces de militants dans l'Agence de Khyber. D'après la police, la bombe qui a explosée au Khyber Super Market, a été déclenchée à distance à l'aide d'une télécommande. Cette information a été corroborée par des témoins oculaires, interrogés par Reporters sans frontières. L'explosion a également brisé les vitres de plusieurs sièges de rédaction. Aucun groupe n'a revendiqué la responsabilité de l'assassinat du journaliste, mais des collègues de Nasrullah Afridi ont déclaré à Reporters sans frontières que le groupe Lashkar-e-Islam pourrait être derrière l'attaque, puisqu'il avait auparavant envoyé plusieurs menaces de mort au journaliste. Nasrullah Afridi, éminent journaliste, s'était fait beaucoup d'ennemis en publiant des rapports d'enquête et des articles critiquant certains mouvements politiques dans son district tribal. Reportage vidéo sur le meurtre de Nasrullah Afridi (par Iqbal Khattak): Cet attentat survient moins de deux semaines après une tentative d’assassinat contre deux journalistes dans la province du Baloutchistan (ouest). Jehangir Aslam, correspondant d’ARY News, et Abdul Wahid Baloch, membre de la direction générale de l’information du gouvernement local, ont été blessés par balle, le 1 mai 2011, lors d’une attaque menée par deux motocyclistes non identifiés. “Nous n’avions reçu aucune menace”, a déclaré Abdul Wahid Baloch. Le reporter a aussi informé que Jehangir Aslam, touché à la poitrine, était hors danger. Jusqu’à présent, aucun groupe n’a revendiqué l'agression. Le ministre en chef de la province, Nawab Aslam Raisani, a condamné l’attaque et a ordonné l’arrestation immédiate des assaillants. Par ailleurs, le 27 avril 2011, à Islamabad, quatre journalistes ont été passés à tabac par des gardiens de sécurité de la Zarei Tarakiati Bank Limited (ZTBL), l’une des banques les plus importantes du Pakistan. Les journalistes couvraient un recouvrement de créance du département des recettes auprès de l'établissement bancaire. L'agression de Samar Abbas et Asif Mirza, journalistes de Dawn News, et de Wasim Malik et Liaqat Abbasi, reporters de Samaa TV, a été ordonnée directement par le président de la ZTBL, Zaka Ashraf. Le Premier ministre, Yousuf Raza Gilani, a ordonné aux autorités et au ministre de l’Information et de la Radiodiffusion, Firdos Ashiq Awan, de mener une enquête exhaustive sur les faits. Deux fonctionnaires de la banque et trois surveillant ont été arrêtés. Le 5 mai dernier, Reporters sans frontières a remis en main propre au Premier Ministre, de passage à Paris, un rapport sur les violations de la liberté de la presse au Pakistan et a attiré son attention sur le fait que la sécurité des professionnels des médias doit devenir une priorité pour son gouvernement. Le Pakistan, situé en 151ème position dans le classement de la liberté de la presse en 2010, a été le théâtre, au cours de la dernière année, de nombreux cas de violences à l’encontre des professionnels des médias, avec désormais un bilan de quinze morts en quatorze mois.
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Updated on 20.01.2016