Reporters sans frontières appelle à la libération du journaliste Subramaniam Ramachandran, disparu depuis le 15 février 2007 au nord de Jaffna. Les circonstances de sa disparition prouvent que l'armée est impliquée.
Alors que le chef de la police a récemment reconnu que les forces de sécurité étaient impliquées dans des enlèvements, Reporters sans frontières est en mesure d'affirmer que des militaires ont participé, le 15 février 2007, à l'arrestation du journaliste Subramaniam Ramachandran au nord de Jaffna. Il serait détenu aujourd'hui au secret dans un camp militaire.
"Nous appelons à la mobilisation des autorités pour retrouver et faire libérer Subramaniam Ramachandran. Le fait que l'Etat reconnaisse publiquement la participation des forces de sécurité dans des enlèvements et des disparitions forcées est très préoccupant, mais nous laisse en même temps espérer que le journaliste est toujours vivant", a affirmé l'organisation.
Avant d'être enlevé dans la région de Vadamaradchi (au nord de Jaffna), Subramaniam Ramachandran, correspondant du quotidien tamoul Yarl Thinakural, avait publié une enquête sur un trafic illégal de sable impliquant un homme d'affaires et des militaires. Dans ses articles, il donnait notamment des détails, tels que les plaques d'immatriculation de véhicules impliqués et les connexions de cet homme d'affaires avec certains militaires. Peu de temps après, un juge s'était saisi de l'affaire et avait fait confisquer un véhicule impliqué dans ce trafic. Par ailleurs, des membres du LTTE avaient brûlé un autre véhicule utilisé par les trafiquants. Tout cela avait provoqué la colère de l'homme d'affaires et des militaires impliqués.
Dans le passé, le journaliste semble avoir été menacé par le LTTE pour avoir entretenu de bonnes relations avec des membres des forces de sécurité. Ainsi, en novembre 2006, il aurait fait l'objet d'une enquête des services secrets des Tigres tamouls après avoir pris des photos d'un rassemblement en l'honneur de leur chef suprême, Velupillai Prabhakaran. Selon des proches, au moment de l'enlèvement, il n'était plus menacé par le LTTE.
Les circonstances de sa disparition prouvent avec certitude que l'armée est impliquée. Le 15 février vers 18 heures, il est sorti de l'école qu'il dirige à Karaveddy, en compagnie d'un ami. Arrivés à proximité du camp militaire Kalikai Junction, des soldats leur ont intimé l'ordre de s'arrêter pour les interroger. Son ami a été prié de partir, tandis que le journaliste était contraint de rester dans le camp. Selon des témoins, une heure plus tard, un véhicule transportant un membre des services des renseignements militaires, deux militants de l'EPDP (milice tamoule progouvernementale) et un informateur de l'armée est arrivé. Ils sont repartis quelques minutes plus tard, en compagnie du journaliste. Depuis, sa famille est sans nouvelles de lui. Selon plusieurs journalistes de Jaffna, il serait détenu dans un camp militaire dans le nord de l'île.