Un journaliste de l'opposition sévèrement battu dans les rues de la capitale

Kenzhegali Aïtbakiev est actuellement hospitalisé, dans un état grave. Le journaliste avait déjà été agressé dans le passé et son journal a été fermé à maintes reprises par les autorités. Reporters sans frontières dénonce un acharnement constant contre les médias d'opposition dans le pays. читать на русском

читать на русском Kenzhegali Aïtbakiev, secrétaire de rédaction de l'hebdomadaire d'opposition Ayna-Plus, a été agressé par une dizaine d'inconnus, le 23 avril 2006 au soir, dans la banlieue de la capitale, à quelques pas de son domicile. Interrogé par Reporters sans frontières, il a expliqué que ses agresseurs l'avaient poussé contre le sol et roué de coups de pied. Il a perdu connaissance pendant trois heures. Malgré ses blessures, il est parvenu à regagner son domicile. Il souffre d'une fracture du crâne et du menton et doit subir une opération. Aucun objet de valeur, ni argent ne lui a été dérobé pendant l'agression. « L'agression de Kenzhegali Aïtbakiev est un acte d'une grande brutalité qui en dit long sur la façon dont les journalistes d'opposition peuvent être traités dans le pays. Les autorités doivent retrouver les agresseurs de Kenzhegali Aïtbakiev et assurer sa sécurité Tout au long de l'année 2005, la presse indépendante a été muselée en vue de la réélection du président Noursoultan Nazarbaïev, avec plus de 90% des voix en décembre dernier », a déclaré Reporters sans frontières. Le journaliste a été conduit à l'hôpital le lendemain de l'agression et interrogé par la police municipale, qui a pris sa déposition sur place. Une enquête a immédiatement été ouverte. Après quatre jours de soins intensifs, il peut à peine parler. Les médecins ont jugé son état grave. Kenzhegali Aïtbakiev travaille depuis près de huit ans dans la presse. L'hebdomadaire d'opposition Ayna-Plus, a été fermé par les autorités en avril 2006 pour avoir révélé l'affaire du Kazakhgate, une affaire de corruption dans laquelle l'opposition accuse le président de la République d'être impliqué. Sous le coup d'une plainte pour diffamation contre Noursoultan Nazarbaïev, pour avoir dénoncé des cas de fraudes électorales reconnues par l'OSCE, un tribunal d'Almaty a finalement prononcé la liquidation judiciaire du journal, mettant fin à plusieurs mois de lutte avec l'administration. Créé en 1998 par des membres de l'opposition, le projet Dat (« Dernier mot avant la mort », en kazakh) est devenu un journal, qui a été obligé de changer trois fois de nom, en raison de liquidations judiciaires en série. Ses derniers noms en date étaient SolDat, puis Juma-Times, fermé en avril 2006, et rebaptisé ensuite Ayna-Plus, qui n'aura vécu que deux mois. Kenzhegali Aïtbakiev avait déjà été agressé dans la rue en 2002 avec l'une de ses collègues, Bakhytgul Makimbaï, et plus récemment, en mars 2006, par un groupe de jeunes, sans raisons apparentes.
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Updated on 20.01.2016