Reporters sans frontières est très inquiète du sort réservé par les autorités érythréennes à Eyob Kessete, journaliste du service en amharique de la radio publique Dimtsi Hafash, arrêté alors qu'il tentait de fuir vers l'Ethiopie et incarcéré depuis dans le centre de détention de May Srwa (nord d'Asmara).
Reporters sans frontières est très inquiète du sort réservé par les autorités érythréennes à Eyob Kessete, journaliste du service en amharique de la radio publique Dimtsi Hafash, arrêté alors qu'il tentait de fuir vers l'Ethiopie et incarcéré depuis dans le centre de détention de May Srwa (nord d'Asmara).
"Le gouvernement érythréen ne change pas et continue de traiter avec une extrême brutalité ceux qui ne sont pas dans la ligne du parti unique. Nous attendons avec impatience de voir quelle sera la réaction de la Commission européenne, nouveau partenaire stratégique et économique assumé du président Issaias Afeworki. Les protestations d'usage seront révélatrices de l'échec de cette politique. La preuve sera faite que les engagements de l'Erythrée en matière de liberté de la presse et de droits de l'homme sont des écrans de fumée, uniquement destinés à relâcher la pression qui pèse sur les démocraties qui traitent avec elle", a déclaré l'organisation.
Eyob Kessete a été arrêté à une date inconnue par des gardes-frontière érythréens, alors qu'il tentait de gagner l'Ethiopie, comme le font chaque année de nombreux concitoyens cherchant à fuir l'un des pays les plus fermés du monde. La tentative de fuite hors du pays étant la plupart du temps considérée comme un acte de trahison par le gouvernement, le journaliste a été incarcéré dans un container en métal, dans le centre de détention de May Srwa, a proximité de la prison militaire d'Adi Abeyto, à la sortie nord de la capitale, Asmara. D'anciens prisonniers qui sont parvenus à fuir le pays ont témoigné auprès de Reporters sans frontières des conditions de détention effroyables et des tortures pratiquées dans ce centre de détention. Aucune visite ni contact avec l'extérieur n'est toléré. Aucune procédure légale n'est engagée contre les détenus, dont la durée d'incarcération dépend du bon vouloir du gouvernement. Leurs familles craignent de demander de leurs nouvelles, par peur de représailles. Des membres des familles de ceux qui sont parvenus à fuir le pays ont été arrêtés et sont également détenus à Adi Abeyto. D'autres ont été expulsés de leur domicile.
Par ailleurs, les arrestations du personnel du ministère de l'Information, commencées en novembre 2006, ont continué. Ibrahim Abdella, employé du service des archives musicales de la chaîne publique Eri-TV, et un employé des archives des informations dont on ignore le nom, ont été interpellés à leur domicile, dans la semaine du 12 au 16 mars 2007, et conduits dans un lieu de détention inconnu. On est sans nouvelles d'eux depuis leur arrestation. Une dizaine de journalistes des médias gouvernementaux avait été pris dans une vague d'arrestations lancée le 12 novembre 2006, suite à la défection de plusieurs journalistes célèbres. Les autorités, singulièrement irritées par ces défections, les avaient arrêtés parce qu'ils étaient suspectés d'être restés en contact avec les fugitifs ou de chercher à fuir eux-mêmes. Tous, sauf Daniel Musie, du service en oromo de Radio Dimtsi Hafash, ont été relâchés sous caution et vivent aujourd'hui en liberté surveillée à Asmara.
L'Erythrée est l'un des rares pays du monde sans presse privée. Depuis septembre 2001, parmi les centaines de prisonniers politiques, au moins treize journalistes sont détenus au secret, sans procès et sans contact avec l'extérieur. Selon les informations de Reporters sans frontières, au moins quatre d'entre eux ont trouvé la mort en prison, suite aux conditions de détention épouvantables dans lesquelles ils sont maintenus.