Un journaliste de The Independent libéré sous caution dans l'attente de son procès

Lamin Fatty, journaliste du bihebdomadaire gambien The Independent, a été libéré sous caution le 12 juin 2006 par le tribunal de Kanifing (10 km de Banjul, la capitale), dans l'attente de son procès pour “publication de fausses nouvelles” prévu le 27 juin. “La justice gambienne ne doit pas se rendre complice des abus des services de sécurité. En toute logique, Lamin Fatty doit être acquitté, ne serait-ce qu'en raison des nombreux vices de procédure qui ont émaillé son affaire”, a déclaré Reporters sans frontières. Devant le tribunal, Lamin Fatty a déclaré qu'il avait été détenu pendant plus de deux mois par la National Intelligence Agency (NIA, les services de renseignements), sans voir sa famille ou un avocat. Son acte d'accusation n'a pas été lu à l'audience. Après avoir estimé qu'il ne s'était “rendu coupable d'aucun délit”, il a demandé un report de son procès afin de pouvoir engager un avocat. Le tribunal a ordonné sa remise en liberté après le paiement d'une caution de 50 000 dalasis (environ 1300 euros). Un journaliste est toujours illégalement détenu en Gambie. Malick Mboob, ancien reporter du quotidien privé Daily Observer, a été arrêté le 26 mai et placé en détention au quartier général de la NIA à Banjul. Il a été arrêté à la suite de la publication de la liste des abonnés du site d'opposition Freedom Newspaper, piraté par un internaute quelques jours auparavant. Selon la loi gambienne, les charges retenues contre lui auraient dû lui être notifiées dans un délai maximum de 72 heures. ------------------------- 12.04.2006 - Un troisième journaliste de The Independent arrêté Un journaliste du bihebdomadaire privé The Independent, Lamin M. Fatty, a été arrêté le 12 avril 2006 à son domicile par la police, portant à trois le nombre de journalistes actuellement détenus en Gambie, a appris Reporters sans frontières. Madi Ceesay et Musa Saidykhan, respectivement directeur et rédacteur en chef du même journal, sont toujours en détention au quartier général de la National Intelligence Agency (NIA, services de renseignements) depuis le 28 mars, après une descente de la brigade criminelle et la mise sous scellés de l'immeuble abritant la rédaction. “La liste des détenus s'allonge. Le gouvernement gambien fait ce qu'il veut, en dehors de tout cadre légal. Jusqu'où peut-il aller avant de faire face à une réelle protestation des Etats membres de l'Union africaine (UA), dont la Gambie doit accueillir le prochain sommet des chefs d'Etat ? Dans ces cas-là, la solidarité de la presse est déterminante. Nous appelons les médias africains à montrer au président Yahya Jammeh que ce qui se déroule à Banjul inquiète, au-delà des frontières de son pays”, a déclaré Reporters sans frontières. Lamin M. Fatty est le signataire d'un article paru dans l'édition du 24 mars de The Independent, sous le titre “23 conspirateurs du coup d'Etat arrêtés” (“23 'coup plotters' arrested”). Une source locale ayant requis l'anonymat avait affirmé à Reporters sans frontières, le 4 avril, que Madi Ceesay et Musa Saidykhan avaient été arrêtés suite à la publication de cet article comprenant une liste de vingt-trois personnalités supposément arrêtées après le coup d'Etat avorté du 21 mars. Parmi elles figurait Samba Bah, ancien ministre de l'Intérieur et ancien directeur de la NIA. Furieux de la publication de cette information, qui manifestement était fausse, ce dernier a catégoriquement démenti auprès du journal avoir jamais été arrêté. Sa protestation a été publiée dans l'édition de The Independent du 27 mars, sous le titre « Je n'ai pas été arrêté », accompagnée par les excuses de la direction du journal. La NIA chercherait à savoir qui a livré le nom de son ancien directeur comme étant l'un des supposés comploteurs du 21 mars. Madi Ceesay est par ailleurs le président de la Gambia Press Union (GPU), le principal syndicat de journalistes gambiens.
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Updated on 20.01.2016