Un journaliste d’opposition en grand danger dans une prison tadjike

Reporters sans frontières (RSF) reçoit des informations alarmantes sur l’état de santé du journaliste emprisonné Khikmatoullo Saïfoullozoda. L’organisation demande à ce qu’il ait de toute urgence accès aux soins dont il a besoin.

L’état de santé de Khikmatoullo Saïfoullozoda, emprisonné depuis près d’un an, se dégrade dangereusement. Le rédacteur en chef du journal Nadjot, associé au Parti de la Renaissance islamique (IRPT), a été arrêté le 16 septembre 2015 en même temps que les principaux cadres de ce parti d’opposition. Il a été condamné à 16 ans de prison le 2 juin 2016. Selon une source proche du dossier, le journaliste de 66 ans se trouve toujours dans un centre de détention provisoire surpeuplé.


De santé fragile et victime de surcroît de mauvais traitements telle que la privation de sommeil, il souffre de problèmes cardiaques et de douleurs aux jambes, dont l’une serait gangrenée. Pourtant, d’après les informations recueillies à ce jour, Khikmatoullo Saïfoullozoda est privé d’accès aux soins nécessaires. L’IRPT a annoncé qu’il venait d’entamer une grève de la faim.


“Khikmatoullo Saïfoullozoda est en danger de mort, il doit recevoir de toute urgence un traitement médical adapté. Nous tenons les autorités pour responsables de son sort”, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. “Condamné au terme d’une parodie de procès pour des motifs purement politiques, ce journaliste n’a rien à faire en prison. La communauté internationale doit impérativement faire pression sur Douchanbé pour mettre fin à sa campagne de suppression de la liberté de la presse.”


Principal parti d’opposition tadjik, l’IRPT a été liquidé en septembre 2015 et ses principaux cadres dirigeants ont été jetés en prison pour “tentative de renverser le gouvernement”, en même temps que Khikmatoullo Saïfoullozoda. Une mystérieuse attaque contre un commissariat dans la banlieue de Douchanbé a servi de prétexte arbitraire à cette mesure qui parachève la dérive autocratique du président Emomali Rakhmon. La pression sur les journalistes indépendants s’est fortement accrue ces dernières années. Plusieurs avocats défendant les cadres de l’IRPT ont été condamnés à leur tour et les deux tiers des avocats du pays ont été radiés du barreau.


Après une chute de 34 places par rapport à l’année précédente, le Tadjikistan occupe la 150e place sur 180 au Classement mondial 2016 de la liberté de la presse.

Publié le
Updated on 11.08.2016