Un journaliste condamné à trois mois de prison pour diffamation

La Cour suprême de Varsovie a confirmé la condamnation d'Andrzej Marek à trois mois de prison ferme pour diffamation. Ce jugement est contraire aux recommandations des Nations unies et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en faveur d'une dépénalisation des délits de presse.

La Cour suprême de Varsovie a confirmé, le 22 juin, la condamnation de Andrzej Marek, rédacteur en chef de l'hebdomadaire local Wiesci Polickie, à une peine de trois mois de prison ferme pour diffamation à l'encontre d'un fonctionnaire. "Rien ne saurait justifier, dans une démocratie, l'incarcération d'un journaliste pour diffamation. Cette sentence est contraire aux recommandations des Nations unies et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) selon lesquelles les délits de presse ne doivent pas être sanctionnés par des peines de prison", a déclaré Reporters sans frontières dans un courrier adressé au président Aleksander Kwasniewski. "En dernier recours, nous vous demandons de gracier ce journaliste et de faire procéder à une réforme urgente de votre législation afin de la conformer aux standards européens", a ajouté l'organisation. La Cour suprême de Varsovie a estimé que les accusations portées par le journaliste contre le fonctionnaire de la ville de Police n'étaient pas fondées. Le 23 mars 2004, le tribunal de Szczecin (nord-ouest du pays) avait suspendu pour une durée de six mois l'exécution de la peine d'Andrzej Marek en raison de la grossesse à risque de sa femme. Dès le 4 mars, Reporters sans frontières avait demandé au président Aleksander Kwasniewski de gracier le journaliste. Le 11 mars, l'ombudsman (médiateur public) Andrzej Zoll avait déposé une demande officielle de cassation auprès de la Cour suprême. Le chef d'Etat avait affirmé à la presse être disposé à entamer une procédure de grâce, mais pas avant que la Cour suprême n'ait rendu son verdict. Le journaliste avait été condamné en novembre 2002 puis, en appel, en novembre 2003, à une peine de prison avec sursis pour diffamation, conditionnée à la présentation d'excuses publiques au plaignant. Le 6 février 2004, le juge Marcin Jedrzejewski avait condamné Andrzej Marek à trois mois de prison ferme pour avoir refusé de présenter ses excuses. Dans un article intitulé "Promotion de la magouille", publié en février 2001, le journaliste avait soupçonné Piotr Misilo, à l'époque responsable de la communication de la mairie de la ville de Police et porte-parole des autorités locales, de profiter de son poste pour faire la promotion de l'agence de publicité dont il était propriétaire.
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Updated on 20.01.2016