Le journaliste Grzegorz Rzeczkowski menacé pour son enquête sur l’influence russe en Pologne : RSF appelle à une action ferme des autorités
Le parquet de Varsovie a annoncé l’ouverture d’une enquête pénale sur les actes d’intimidation commis contre le journaliste Grzegorz Rzeczkowski. Il a reçu des messages lui enjoignant de ne pas révéler des liens présumés entre une société d’énergie et les services secrets russes. Alors que le reporter craint pour sa sécurité, Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités polonaises de rapidement traduire en justice les responsables des menaces.
Mise à jour du 13 mars 2025 : Six mois après les menaces de mort à l’encontre de Grzegorz Rzeczkowski, aucun suspect n’a encore été traduit en justice. De plus, le journaliste est désormais visé par une plainte pénale pour “fausse déclaration” et “fausse accusation” par des individus liés à la société d’énergie mentionnée dans son article. En parallèle, la personne identifiée par le parquet comme l’auteur présumé des menaces a été retrouvée morte. Alors que l’enquête piétine, Rzeczkowski craint de plus en plus pour sa sécurité. RSF demande à la police d’attribuer une protection adéquate au journaliste et que le parquet accélère l'enquête afin que la lumière soit faite sur les responsabilités dans cette affaire.
“Pour la première fois de ma vie, je crains pour ma sécurité et celle de ma famille,” s’inquiète auprès de RSF le journaliste d’investigation Grzegorz Rzeczkowski de l’hebdomadaire Newsweek Polska, un mois après l’annonce d’une instruction pénale sur des menaces le visant. Il se dit “stupéfait qu'un pays comme la Pologne, où les autorités soulignent à chaque occasion leur conscience de la menace russe, permette à des personnes liées au Kremlin d'intimider de facto un journaliste en toute impunité.” Il appelle à une “action décisive”, afin que “cela n’arrive pas aux autres”.
Dans un communiqué du 12 novembre, le parquet a annoncé avoir ouvert, deux semaines auparavant, une enquête sur “l'utilisation, entre le 22 février 2024 et au moins jusqu'au 11 septembre 2024, à Varsovie et dans d'autres lieux, de menaces illégales afin de contraindre le journaliste Grzegorz Rzeczkowski à s'abstenir de publier des articles de presse […] sur les liens entre l'un des dirigeants d'une entreprise du secteur de l'énergie et les renseignements militaires de la Fédération de Russie.”
“Le danger qui pèse sur Grzegorz Rzeczkowski est l’un des cas les plus sérieux de menaces contre un journaliste polonais ces dernières décennies. Nous appelons les autorités à agir avec fermeté et efficacité afin de traduire en justice, au plus vite, les responsables des ces actes d’intimidation à son égard. L’État polonais doit envoyer un signal fort démontrant que les menaces visant les journalistes enquêtant sur l’influence russe ne seront pas tolérées.
Les menaces, téléphoniques et écrites, allaient jusqu’à déclarer que “tout” serait fait pour empêcher la publication de l’enquête journalistique. Afin de le discréditer en tant que journaliste aux yeux du public, les auteurs menaçaient de répandre la nouvelle“” que Grzegorz Rzeczkowski serait au service des renseignements d’État polonais. Ils ont même obtenu, selon le parquet, des informations sur son enquête avant sa publication. La maison d’édition W.A.B. qui avait publié son livre Les espions de Poutine. Comment les hommes du Kremlin contrôlent la Pologne a également été victime de tentatives d’intimidation par le biais d’appels malveillants et de menaces de poursuites.
La Pologne est située à la 47e place sur 180 pays et territoires au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.
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