Un journaliste condamné à sept ans de prison pour des motifs douteux dix ans après les faits
Organisation :
Reporters sans frontières condamne la peine de prison infligée par un tribunal de Dacca au journaliste Salah Uddin Shoaib Choudhury, le 9 janvier 2014. Initialement accusé de “blasphème”, “sédition” et “trahison”, le journaliste a été condamné pour avoir produit un article “trompeur et préjudiciable”.
“Nous ne pouvons tolérer qu’un professionnel des médias soit incarcéré pour ses écrits. Cette condamnation est en contradiction avec la constitution du Bangladesh et toutes les normes internationales en matière de liberté de la presse”, a déclaré l’organisation.
“Nous appelons l’autorité judiciaire du pays à revenir sur sa décision et à respecter le droit à l’information. Le Bangladesh ne doit pas céder aux velléités des éléments les plus radicaux qui cherchent à tout prix à punir sévèrement ceux qu’ils désignent, à tort, comme des ‘blasphémateurs’ ”, a ajouté Reporters sans frontières.
Le juge en charge de l’affaire, Jahurul Haque, aurait déclaré : “Bien qu’il était accusé de sédition, Choudhury a écopé de sept ans de prison, conformément à la sous-section 505 (A) du Code pénal, pour son article intentionnellement trompeur et préjudiciable (intentionally distorting and damaging written statement).”
Salah Uddin Shoaib Choudhury, rédacteur en chef du Weekly Blitz, a été jugé coupable de ternir l’image du pays à travers ses articles critiques envers l’islamisme, et pour avoir tenté, en 2003, de se rendre à une conférence en Israël afin d’évoquer l’émergence de l’Islam radical au Bangladesh. Il est également soupçonné d’entretenir des liens avec le Mossad, et de lui avoir transmis des informations. Ses articles, dont l’un paru dans USA Today s’intitule “Hello Tel Aviv”, ont été jugés dénigrants et séditieux.
Les citoyens bangladais ayant interdiction de se rendre en Israël, il avait été arrêté à l’aéroport de Dacca en novembre 2003 alors qu’il s'apprêtait à effectuer un vol Dacca-Bangkok-Tel Aviv. La police avait alors saisi son ordinateur et ses données personnelles.
En janvier 2004, Salah Uddin Shoaib Choudhury a été formellement inculpé pour “sédition”, “trahison” et “blasphème”, avant d’être libéré sous caution en avril 2005. En juillet 2006, son journal avait été la cible d’une attaque à la bombe dénoncée par Reporters sans frontières. Le rédacteur en chef avait aussi reçu des menaces de mort sans que l’auteur, pourtant identifié par les autorités, ne soit jamais inquiété.
Le Bangladesh, actuellement secoué par des manifestations relatives aux élections législatives du 5 janvier dernier, se situe à la 144ème position sur 179 dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2013.
Lire le rapport blasphème établi par Reporters sans frontières : en français et en anglais
photo credit: Larry Luxner/JTA
Publié le
Updated on
20.01.2016