Un journaliste blacklisté par l'armée ; un autre violemment attaqué par des soldats

Reporters sans frontières s'inquiète du fait que l'armée, dans le sud de l'île de Mindanao (Sud), fasse figurer, dans une liste de surveillance de 2007, le nom d'un journaliste et de deux organisations de défense des droits de l'homme, accusés d'être en lien avec le Parti communiste des Philippines et de sa branche armée, la New People's Army. Ce document secret, intitulé "JCICC 'Agila' 3rd QTR 2007 OB Validation Result", élaboré par les services de renseignements de la dixième division d'infanterie de l'armée, fait figurer le nom du journaliste Carlos Conde sur sa "liste noire". La National Union of Journalists of the Philippines (NUJP) et le Media Mindanao News Service figurent également sur cette liste. "Dans le sud de l'île de Mindanao, des escadrons de la mort activés par des politiciens sèment la terreur parmi les militants des droits de l'homme et la presse indépendante. Le fait que Carlos Conde figure sur cette liste est très préoccupant. Ces dernières années, de nombreux militants politiques figurant sur la "liste noire de l'armée" ont été assassinés par des unités militaires ou paramilitaires. Nous pressons le gouvernement de ne pas rester silencieux sur ces abus. Les autorités doivent mettre un terme à cette pratique blacklistant journalistes indépendants, organisations de défense et autres militants", a déclaré l'organisation. Carlos Conde, journaliste depuis 15 ans, est correspondant de l'International Herald Tribune et du New York Times, et écrit également des articles pour des journaux locaux et des sites d'informations. "La raison pour laquelle mon nom figure sur cette liste est un mystère (...). Inutile de dire que cette 'liste noire' est source de beaucoup d'inquiétude pour ma famille, car, comme nous le savons tous, cette liste désigne véritablement des cibles." Selon Carlos Conde, son action au sein de la National Union of Journalists of the Philippines (NUJP) est la raison pour laquelle il figure sur cette liste. En effet, il a été coordinateur de la NUJP dans la ville de Davao, secrétaire général de la NUJP de 2004 à 2006, et il a mené des campagnes locales pour lutter contre les assassinats de journalistes dans la province. Par ailleurs, le 20 mai 2009 vers 19h45, Harrison Manalac, un journaliste de la radio dxXE-FM, a été attaqué à Buug (ville de la province de Zamboanga Sibugay, Sud) par des personnes non identifiées, alors qu'il sortait de la station de radio pour rentrer chez lui. Il a reçu une balle entre l'épaule gauche et la nuque et a été transporté d'urgence à l'hôpital. Le chef de la police de la province de Zamboanga Sibugay, Federico Castro, a déclaré que l'attaque avait eu lieu peu après que des soldats avaient été aperçus aux alentours de la station de radio, dans laquelle travaillait le journaliste. Manalac avait critiqué un enseignant de l'école publique dont le fils est soldat dans l'armée.
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Updated on 20.01.2016