Un journaliste agressé au nom de la marocanité du Sahara

Reporters sans frontières condamne l'agression dont a été victime, le 24 mai 2005, le journaliste de l'hebdomadaire El Bidaoui (Le Casablancais), Mounir El Ktaoui (photo), alors qu'il couvrait la réunion d'un lobby sahraoui pro-étatique dans un hôtel à Rabat. « On attend aujourd'hui des journalistes marocains qu'ils prennent parti contre le Front Polisario (mouvement politico-militaire revendiquant l'indépendance du Sahara occidental). Dès qu'un média donne la parole aux groupes séparatistes ou à des membres de ce mouvement, il est immédiatement qualifié de traître par des individus zélés qui cherchent à se faire bien voir des autorités et à s'assurer ainsi des postes administratifs. L'agression du journaliste Mounir El Ktaoui fait écho au harcèlement dont est victime, également en raison de sa couverture du problème sahraoui, le journaliste Ali Lmrabet », a déclaré l'organisation. « Nous demandons aux autorités marocaines de rétablir Mounir El Ktaoui dans ses droits en confondant ses agresseurs devant la justice », a ajouté Reporters sans frontières. Plusieurs journalistes, dont Mounir El Ktaoui, se trouvaient dans un hôtel de la capitale pour couvrir une réunion d'élus locaux sahraouis. Khalihanna Ould Rachid, président du conseil municipal de Laâyoune et ex-ministre des Affaires sahariennes, en a profité pour vivement critiquer la presse indépendante. En tenant un exemplaire d'El Bidaoui à la main, il l'a qualifié de « journal de caniveau » avant de le jeter par terre. Une fois la présence de M. El Ktaoui connue, ce dernier à été prié de quitter la salle, sous le prétexte qu'il n'était pas sahraoui. Devant son refus, plusieurs élus locaux l'ont d'abord menacé avant de le jeter hors de la salle à coups de pied et en le tirant par le cou. Ils ont également détruit son appareil photo. El Bidaoui est un hebdomadaire arabophone qui ose traiter de plusieurs sujets tabous tels que la monarchie, les réseaux islamistes au Maroc ou encore la question du Sahara occidental. Ce journal a notamment publié une interview du leader du Front Polisario, Mohammed Abdelaziz, ainsi que plusieurs reportages sur les besoins quotidiens des populations du Sud, qui ne sont jamais abordés dans les grands débats politiques sur le Sahara occidental.
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Updated on 20.01.2016