Un journaliste abattu en plein jour

Le climat d'insécurité pour les journalistes au Pakistan ne cesse de s'aggraver. Reporters sans frontières est attristée par le meurtre d'Ashiq Ali Mangi, reporter pour Mehran TV, abattu en plein jour dans le district de Khairpur (Sud-Est). L'organisation se joint aussi à la Tribal Union of Journalists et à la Khyber Union of Journalists pour demander la libération immédiate du journaliste free-lance Muhammad Rasheed, détenu par les militaires pakistanais. "Les violences à l'encontre des professionnels des médias sont inquiétantes, notamment parce qu'elles impliqueraient des membres des forces de sécurité. Nous adressons nos condoléances à la famille et aux collègues d'Ashiq Mangi, et demandons que la lumière soit faite sur cet assassinat. Un gouvernement responsable ne peut s'arrêter au constat de son échec à assurer la sécurité des journalistes et doit à mettre fin à l'impunité des crimes à l'encontre des médias. Il serait intolérable que les autorités locales et nationales laissent un tel acte impuni," a déclaré l'organisation. "Par ailleurs, le gouvernement doit s'expliquer sur la détention arbitraire de Muhammad Rasheed et répondre à l'appel à libération lancé par plusieurs organisations pakistanaises de journalistes dans les plus brefs délais. Comme elles l'ont rappelé, aucune loi ne permet une détention aussi longue. Si les agences de sécurité du gouvernement ont quelque chose à reprocher au journaliste, elles doivent le faire par les voies légales. ", a ajouté l'organisation. Ashiq Ali Mangi, reporter pour la chaîne de télévision privée Mehran, a été assassiné le 17 février à Gambat, alors qu'il se rendait à moto au club de la presse. Selon certaines sources contactées par Reporters sans frontières, le meurtre pourrait avoir été commandité par un ancien officier de police, dont les liens avec des organisations criminelles auraient été exposés par le journaliste. L'assassinat a eu lieu un jour avant que les autorités du district de Swat aient empêché les journalistes de commémorer le premier anniversaire du meurtre du journaliste pakistanais Musa Khankhel. Selon l'Union fédérale des journalistes de Pakistan (PFUJ), l'administration de Swat avait imposé un couvre-feu immédiat afin d'empêcher les médias de participer à la commémoration de la mort de Musa Khan Khel. Muhammad Rasheed, journaliste freelance, a été enlevé par les taliban au Waziristan du Nord, le 29 décembre 2009, puis libéré le 4 janvier 2010. Selon Muhammad Rasheed, les militaires l'auraient ensuite placé en détention au point de contrôle de Mirzael, avant de le transférer à Peshawar. L'armée n'a ni confirmé ni démenti sa détention. Plusieurs mouvements de protestation de journalistes se sont déroulés récemment. Le 18 février, des journalistes qui couvraient les réunions parlementaires à Islamabad ont quitté la salle pour signifier leur mécontentement contre les autorités nationales et locales. Le 22 février, de nombreux journalistes et clubs de la presse ont publié une déclaration commune, en réaction à l'agression du correspondant pour le journal Dawn, Muhammad Husain Khan, à Hyderabad.
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Updated on 20.01.2016