Un journal indépendant suspendu par les autorités

Le 5 juin, le journal Ekho, qui a proposé de publier dans ses colonnes des articles de Belorusskaya Delovaya Gazeta, a également été suspendu pour trois mois par le Ministère de l'Information, sans avoir commis aucune violation de la loi sur la presse. Le numéro d'Ekho qui aurait dû sortir le 4 juin, n'a pas été imprimé, officiellement pour des raisons techniques. _______ Le 28 mai 2003, le ministre de l'Information a suspendu pour une durée de trois mois le quotidien indépendant Belorusskaya Delovaya Gazeta et son supplément mensuel, BDG. Dla Sluzhebnoho Polzovaniya, pour "violation de la loi sur les médias". "La suspension de Belorusskaya Delovaya Gazeta est un nouveau coup porté à la presse indépendante, qui doit faire face à un véritable harcèlement de la part des autorités. Cette mesure est aussi une violation du droit, puisque vous n'avez pas daigné attendre que la justice se prononce sur cette affaire", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé au ministre de l'Information, Michail Podgainy. "Nous vous demandons d'annuler ce décret, qui vise clairement à faire taire les journalistes osant critiquer le président Loukachenko", a-t-il ajouté. Belorusskaya Delovaya Gazeta avait reçu plusieurs mises en garde suite à des articles sur une liaison entre Miss Russie, Svetlana Koroleva, et le président Loukachenko et sur un procès en cours contre l'homme d'affaires Mikhaïl Leonov, accusé de détournement de fonds publics par le Président. Menacé de fermeture, notamment pour atteinte à la dignité et à l'honneur du président Loukachenko et pour avoir couvert un procès sans autorisation préalable du juge, le quotidien avait fait appel auprès de la Cour économique suprême, qui n'avait pas encore rendu son jugement. Au cours des six derniers mois, au moins cinq journaux ont été suspendus ou empêchés de paraître, sous divers prétextes. Le 24 avril 2003, le ministre de l'Information a ordonné la suspension pour trois mois du journal régional indépendant Pravinstsyalka, parce qu'il avait modifié son adresse légale et publié des articles sur des sujets politiques sans coordination avec le ministère de l'Information et les autorités locales. Le 19 mai 2003, une cour régionale a refusé d'enregistrer la nouvelle adresse légale du journal Volny Gorad, empêchant du coup l'enregistrement du journal lui-même. Le 3 février 2003, le tribunal commercial de la région de Grodno a décidé de suspendre la licence commerciale accordée à Ramuald Ulan, fondateur de l'hebdomadaire indépendant de la ville de Smorgon, Novaya Gazeta Smorgoni, condamnant ainsi le journal à la fermeture. Le comité exécutif accusait l'entrepreneur de ne pas avoir respecté le droit du travail, la législation sur les impôts et les normes de sécurité incendie en 2000 et 2002. Le 26 novembre 2002, le ministère de l'Information a invalidé l'enregistrement de l'hebdomadaire indépendant Mestnoye Vremya, sous prétexte que sa nouvelle adresse n'avait pas été légalisée, alors que la loi ne prévoit pas de sanction aussi lourde dans ce cas. Lancé début novembre, le journal n'a pu publier que trois numéros. Reporters sans frontières rappelle que les condamnations de Mikolaï Markevich et Pavel Mazheïko, respectivement rédacteur en chef et journaliste du journal régional Pagonya, condamnés à des peines de travaux forcés pour insulte au président, ont été allégées au printemps 2003 : ils peuvent désormais purger leur peine dans leur ville d'origine. Mais Viktar Ivaskevich, rédacteur en chef du journal Rabochy, est toujours en camp de travail pour avoir écrit et publié un article sur la corruption du président Loukachenko.
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Updated on 20.01.2016