Un journal de Saratov menacé de fermeture pour avoir représenté Vladimir Poutine en espion soviétique

Reporters sans frontières espère que la justice de la région de Saratov (Sud) saura faire preuve de discernement dans l'examen du dossier concernant la fermeture du “Saratovsky Reporter”, et qu'elle ne se laissera pas manipuler dans une affaire où un journal indépendant critiquant la politique de “Russie unie”, est aux prises avec ce parti. “L'outrage n'est en aucun cas un motif acceptable pour fermer un média. Le droit à l'insolence et à l'outrance est partie intégrante de la liberté de la presse. Quant à la couverture en elle-même, s'arrêter au fait que Vladimir Poutine y porte un uniforme nazi revient à négliger que le personnage de “Chtirlitz” est extrêmement populaire. L'analogie s'appuie, quant à elle, sur le fait que le président russe a notamment un passé d'agent des services de renseignements en Allemagne”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 2 octobre 2007, le tribunal régional de Saratov (Sud) statuera sur la fermeture du Saratovsky Reporter poursuivi pour “outrage à un représentant de l'Etat”. Dans son édition du 31 août dernier, la couverture présentait un collage dans lequel le président Vladimir Poutine était assimilé à un célèbre personnage d'un feuilleton populaire, “Dix-sept moments du printemps”, Chtirlitz. Cet espion soviétique en Allemagne nazie porte un uniforme SS. L'un des représentants du parti de la majorité présidentielle pour la région, Alexandre Lando, est à l'origine des poursuites intentées contre le journal, en vertu de l'article 319 du code pénal (“outrage à un représentant de l'Etat”). Il considère le collage comme étant “offensant pour le Président comme pour (moi) en tant qu'électeur”. Par ailleurs, la direction des Affaires culturelles de la région a fait savoir que, suite à cette plainte, elle avait retiré sa licence au journal. Dans un courrier envoyé à Sergueï Mikhaïlov, rédacteur en chef du Saratovsky Reporter, le procureur l'a informé que le journal était sous le coup de deux avertissements, dont l'un concernant un article du 23 février 2007 qui n'avait jamais été notifié à la rédaction. Or, en vertu de la loi sur l'extrêmisme, un média ayant reçu deux avertissements peut être fermé sur simple décision de justice. Interrogé par la radio privée Echo de Moscou le 26 septembre, Sergueï Mikhaïlov a déclaré que l'objectif de ces mesures était de mettre un terme à la liberté de la presse à Saratov et qu'il ne pouvait s'y résoudre et ne rien faire. L'article publié le 23 février dernier abordait la question des relations interethniques en Russie. Une expertise menée par une université de Saratov à la demande du procureur a considéré que le titre était “offensant” pour la communauté juive.
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Updated on 20.01.2016