Un ex-ministre bulgare qui avait fraudé les Assédic, attaque le journaliste qui l’avait confondu

Un ex-ministre bulgare a porté plainte contre le journaliste Atanas Tchobanov, qui avait révélé en juin 2013 une fraude aux allocations chômage en France commise par cet ancien responsable. Accusé de “dénonciation calomnieuse”, le reporter fait l’objet d’une enquête pénale. Reporters sans frontières dénonce (RSF) une affaire politique et demande la clôture immédiate de l’enquête.

Le journaliste Atanas Tchobanov a appris avec stupeur il y a quelques jours qu’il faisait l’objet d’une plainte de la part d’un ancien ministre, Ivan Danov. Le reporter avait révélé que ce dernier s’était rendu coupable d’une fraude aux allocations chômage en France. Atanas Tchobanov fait l’objet d’une plainte pour “dénonciation calomnieuse”. Le parquet bulgare a ouvert - en toute discrétion - une information judiciaire à son encontre le 26 juin 2015. Le journaliste a déjà été entendu une première fois par la police. En juin 2013, dans le site d'investigation en ligne Bivol.bg, Atanas Tchobanov avait révélé qu’Ivan Danov, alors ministre de la Planification et de l’Investissement, avait, entre 2004-2005, touché des allocations chômage en France alors qu’il occupait au même moment deux emplois en Bulgarie. Il aurait reçu environ 1.800 euros par mois pendant un an. L’affaire avait d’abord suscité l’intérêt du magazine L’Express, qui y avait consacré une série d’articles. Puis, en novembre 2014, l’affaire avait été évoquée dans un documentaire de l’émission "Zone Interdite" sur M6. Les médias bulgares l’avaient largement relayée à ce moment là. “ L’utilisation de poursuites pénales pour “dénonciation calomnieuse” est clairement une manœuvre d’intimidation déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. Il s’agit clairement d’une affaire politique, à l’initiative d’un homme qui profite de son statut d’ancien ministre. Il est parfaitement légitime qu’un journaliste informe le public sur des faits de fraudes avérés de la part de dirigeants politiques. Nous appelons les autorités judiciaires bulgares à clore cette enquête et cesser les poursuites à l’encontre d’Atanas Tchobanov.” La Bulgarie figure à la 106ème position sur 180 pays au Classement mondial 2015 de la liberté de la presse établit par Reporters sans frontières, la plus mauvaise performance au sein des pays de l’Union européenne.
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Updated on 20.01.2016