Un enseignant et un journaliste écroués pour "offense au chef de l'Etat" après une dissertation sur un président imaginaire

Reporters sans frontières appelle le président malien, Amadou Toumani Touré, à intervenir pour permettre la libération de Seydina Oumar Diarra et Bassirou Kassim Minta, respectivement journaliste du quotidien privé Info-Matin et enseignant dans un lycée de Bamako, incarcérés depuis le 14 juin 2007 pour "offense au chef de l'Etat".

Reporters sans frontières appelle le président malien, Amadou Toumani Touré, à intervenir pour permettre la libération de Seydina Oumar Diarra et Bassirou Kassim Minta, respectivement journaliste du quotidien privé Info-Matin et enseignant dans un lycée de Bamako, incarcérés depuis le 14 juin 2007 pour "offense au chef de l'Etat". "Conséquence du zèle absurde d'un procureur, cette double incarcération, digne d'un autre âge, est manifestement abusive. Le président de la République doit montrer que la démocratie malienne permet aux enseignants et aux journalistes du pays de manier librement l'humour, voire même l'insolence. Ces dernières années, le Mali avait connu une stabilité politique unanimement saluée, notamment parce que les atteintes à la liberté de la presse avaient cessé et que les médias avaient été intégrés pacifiquement au développement démocratique. Cette affaire ternit son image et montre que la liberté de la presse est toujours précaire", a déclaré l'organisation. Seydina Oumar Diarra et Bassirou Kassim Minta, professeur de lettres et censeur du Lycée Nanaïssa Santara, ont été arrêtés par la gendarmerie après que le procureur de la République s'est autosaisi d'une plainte, suite à la publication d'un article intitulé "Lycée Nanaïssa Santara : la maîtresse du président de la République !". Le texte, paru le 1er juin, reprenait et commentait un sujet de dissertation au ton burlesque donné par l'enseignant à ses élèves de 10e Lettres, dans lequel une "étudiante, prostituée économique" tombait enceinte d'un chef d'Etat imaginaire et se battait pour la reconnaissance de son enfant. Ecroués à la prison centrale de la capitale, les deux hommes doivent comparaître le 26 juin devant le tribunal correctionnel de première instance de Bamako 3.
Publié le
Updated on 20.01.2016