Un engin explosif désamorcé devant le domicile d’un journaliste

Le 19 mars 2014, la police de Peshawar a désamorcé un engin explosif improvisé (EEI) devant la maison de Jamshed Baghwan, directeur du bureau de Peshawar de la chaîne de télévision Express News. “Nous sommes soulagés que Jamshed Baghwan et ses proches soient sains et saufs mais extrêmement préoccupés par ce qui semble être une nouvelle tentative d’assassinat à l’encontre d’un professionnel des médias. Alors que le Premier Ministre Nawaz Sharif a annoncé la création d’une commission pour la protection et la sécurité des journalistes, il est urgent que des mesures soient rapidement et concrètement mises en oeuvre pour assurer la protection du journaliste et de sa famille”, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. “Nous attendons également des autorités qu’elles affectent des moyens humains et matériels pour assurer la protection d’autres journalistes et de leur famille, qui ont rapporté des menaces à leur encontre. Dans un contexte d’insécurité aussi lourd, il est inacceptable que des professionnels des médias qui cherchent protection auprès des forces de sécurité, à l’instar du journaliste de Geo News Ansar Naqvi, se voient opposés une fin de non recevoir”, ajoute-t-il. Après avoir découvert le dispositif, déposé par deux hommes ayant pris la fuite à moto, dans une boite devant l’entrée de la maison, Jamshed Baghwan a immédiatement appelé la police. Une équipe de déminage a pu arriver à temps et désamorcer l’engin. Jamshed Baghwan a indiqué ne pas avoir reçu de menaces et a déclaré à Reporters sans frontières: “Cela a effrayé ma famille et je ne peux pas comprendre qui a fait ça, ni pourquoi”. La chaîne de télévision Express Group a déjà été la cible de violentes attaques de la part du groupe Tehreek-e-Taliban Pakistan au cours des derniers mois. En août 2013, 22 balles ont été tirées contre les locaux d’Express News à Karashi. En décembre 2013, des individus à moto ont lancé des explosifs et ouvert le feu sur les locaux du groupe Express Media blessant un agent de sécurité. Les assaillants ont pris la fuite avant que la police n’arrive. La dernière attaque remonte au 17 janvier 2014. Trois collaborateurs de la chaîne avaient alors été assassinés par des individus circulant à moto. Toutes ces attaques ont été revendiquées par le groupe Tehreek-i-Taliban Pakistan, qui les justifie comme un moyen de lutter contre la “mauvaise publicité” que des médias comme Express News leur feraient. Ces attaques s’inscrivent dans un contexte de fortes violences à l’égard des journalistes. Le Premier Ministre a déclaré le 19 mars l’établissement d’une commission composée de professionnels des médias, chargée de proposer des mesures au gouvernement afin d’assurer la protection et le bien-être des journalistes travaillant sur le terrain. Le Premier Ministre a exprimé son intention de transformer le Pakistan en un “pays accueillant pour les journalistes, où non seulement les médias locaux mais aussi internationaux peuvent se sentir en sécurité pendant leurs missions professionnelles”. Le Pakistan se situe à la 158ème place sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établit par Reporters sans frontières et est également l’un des pays les plus meurtriers pour les journalistes avec sept journalistes tués en 2013.
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Updated on 20.01.2016