Reporters sans frontières est indignée par l'annonce du départ, le 6 juillet 2006, de Herbin Hoyos Medina (photo), directeur de programme sur Radio Caracol. Le journaliste avait reçu, quatre jours auparavant, un ultimatum lui ordonnant de quitter le pays dans les 72 heures. Au cours du premier semestre 2006, quatre de ses collègues ont été obligés de fuir sous la menace.
Reporters sans frontière est indignée par l'annonce du départ forcé, le 6 juillet 2006, de Herbin Hoyos Medina, présentateur de l'émission “Las voces del secuestro” (“Les voix de la captivité”) et directeur du programme “Amanecer en América” sur Radio Caracol, suite à l'ultimatum d'un mystérieux “Front d'action et de justice pour la liberté et la démocratie”, vraisemblablement un groupe de paramilitaires démobilisés.
”Officiellement désarmés, de nombreux paramilitaires se reconvertissent au sein d'organisations mafieuses déguisées sous des noms d'associations humanitaires. Cette situation pèse lourd sur la presse, menacée d'extinction dans plusieurs régions au fil des départs forcés de journalistes. Le cas de Herbin Hoyos Medina rappelle celui de son collègue Hollman Morris, de la chaîne Canal Uno, dernièrement obligé de se réfugier à l'étranger sous la menace d'un mystérieux “Front social pour la paix”, une autre émanation des paramilitaires. Le démantèlement des groupes armés d'extrême droite ne suffit pas. Le gouvernement, les services de renseignements et les autorités judiciaires doivent aussi s'assurer du réel abandon des armes des anciens paramilitaires”, a déclaré Reporters sans frontières.
Au cours du mois de juin, Herbin Hoyos Medina s'est rendu à la prison de Cómbita, dans le département de Boyacá (Centre), pour réaliser un reportage sur les conditions de détention des personnes condamnées pour trafic de drogue et en passe d'être extradées vers les Etats-Unis. Le journaliste a interviewé dans leurs cellules un certain nombre de détenus qui lui ont déclaré que leur extradition avait été organisée par la police judiciaire, les services de renseignements (Département administratif de sécurité, DAS) et des informateurs de la DEA (organisme anti-drogue des Etats-Unis), persuadés d'avoir affaire à de hauts dirigeants du trafic de drogue, “voire à des collaborateurs d'Al -Qaïda”.
Quelques jours après cette visite, Herbin Hoyos Medina a commencé à recevoir des menaces de mort par courrier électronique. Le 2 juillet, lui est parvenu un ultimatum du “Front d'action et de justice pour la liberté et la démocratie” lui disant : “Il ne ne sert à rien de défendre des délinquants qui ont fait du mal à la Colombie. Celui qui fréquente des perdants est un perdant.” Le message, contenant des menaces de représailles contre son entourage et lui-même, s'achevait sur un ultimatum : “Vous avez 72 heures pour sortir du pays.” Le journaliste a annoncé son départ le 6 juillet.
Reporter de guerre, Herbin Hoyos Medina avait été enlevé par la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), le 13 mars 1994, dans les studios de Radio Caracol. Il avait été libéré deux semaines plus tard par l'armée. Depuis cet épisode, le journaliste a décidé de consacrer une large partie de son travail aux otages - au nombre de 3 000 actuellement - de la guerre civile que subit le pays depuis quarante-six ans. Herbin Hoyos Medina bénéficiait d'une escorte policière permanente depuis 2002.
Au cours du premier semestre 2006, quatre journalistes ont dû quitter le pays et un cinquième a été kidnappé. A ce bilan, s'ajoute l'assassinat, en février, de Gustavo Rojas Gabalo, de Radio Panzemu, à Montería (Nord-Ouest), par d'anciens membres des Autodéfenses unies de Colombie (AUC, paramilitaires)