Directeur de la rédaction du quotidien Diario del Huila à Neiva (Sud-Ouest), Germán Hernández Vera a été contraint de quitter sa région suite à des menaces de mort. Deuxième dans ce cas depuis le début de l'année, le journaliste travaillait sur une affaire de corruption locale. Reporters sans frontières lui exprime son soutien.
Reporters sans frontières se désole du départ forcé de Germán Hernández Vera, directeur de la rédaction du quotidien départemental Diario del Huila à Neiva (Sud-Ouest). Suite à des menaces répétées, le journaliste a été obligé de quitter sa région dans le courant du mois de mars. Germán Hernández Vera est le deuxième dans ce cas depuis le début de l'année (cf. communiqué du 19 mars 2007).
“La situation de Germán Hernández Vera illustre, une fois de plus, la quasi-impossiblité pour la presse colombienne de travailler dans certaines régions et d'y couvrir des sujets sensibles. Nous regrettons que les autorités locales du Huila n'aient pas réagi plus rapidement au sort de Germán Hernández Vera. Nous espérons qu'une enquête déterminera l'origine des menaces dirigées contre lui et l'identité de leurs auteurs, d'autant que le journaliste travaillait sur un thème sans lien direct avec le conflit armé”, a déclaré Reporters sans frontières.
Chroniqueur judiciaire devenu, il y a quatre ans, directeur de la rédaction du Diario del Huila, Germán Hernández Vera avait publié, le 15 février 2007, un article portant sur une affaire de détournement de fonds - de l'ordre de 4 millions d'euros - au sein de l'hôpital de Neiva. Le 27 février, le journaliste a reçu un coup de fil anonyme sur son portable : “Tu vas mourir, fils de pute !”. Germán Hernández Vera et ses collègues ont aussitôt localisé l'appel, passé depuis un central téléphonique situé en face de la rédaction du Diario del Huila.
La direction du journal a d'emblée signalé l'incident à la police locale, qui n'a pas donné suite. Germán Hernández Vera s'est alors adressé au Département administratif de sécurité (DAS), qui a fait le lien entre l'article du 15 février et les menaces. A partir du 28 février, le portable du journaliste n'a plus cessé de recevoir des appels, provenant toujours de cabines publiques, l'avertissant de sa mort prochaine.
Le 13 mars 2007, Germán Hernández Vera a quitté la région. L'information n'a été rendue publique que douze jours plus tard. Le journaliste a indiqué qu'il ne reviendrait pas dans le Huila sans garanties de sécurité, mais a promis de continuer à travailler dans la clandestinité.
Le département du Huila est particulièrement touché par le conflit armé. En moins de 72 heures, Cielo González Villa, la maire de Neiva, a été la cible de deux attentats, dont un commis le 22 mars devant le siège de la station de radio HJ Doble K, qui a fait dix blessés. Les autorités ont évoqué la présence dans la ville d'un détachement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), très actives dans la région. Cibles de menaces, les rédactions des quotidiens La Nación et Diario del Huila sont sous protection policière.