Un deuxième journaliste jeté en prison pour “diffamation'' depuis le début de l'année

Oswaldo Pereyra Moreno, présentateur du programme “Hora 13” de Radio Macarena à San Lorenzo dans le nord du pays, a été condamné, le 9 juin 2010, à un an de prison ferme et 10 000 soles péruviens de dommages et intérêts (3 500 dollars) pour “diffamation”. Cette décision régressive porte un nouveau coup sévère à la liberté de la presse au Pérou, où la radio La Voz de Bagua Grande arbitrairement privée de diffusion depuis un an, sur ordre des autorités et où deux journalistes se trouvent désormais derrière les barreaux pour un délit de presse. La prison ne répare pas le préjudice dans ce genre de cas. Par ailleurs, on peut s’étonner qu’Oswaldo Pereyra soit le seul journaliste sanctionné pénalement alors que d’autres collègues ont traité l’affaire à l’origine de sa condamnation. Enfin, comment se fait-il qu’il soit déjà détenu alors que son prochain appel devrait suspendre l’exécution de sa peine ? Le journaliste avait déclaré au cours d’une de ses émissions, en septembre 2009, qu’une mineure de 14 ans avait été abusée sexuellement par son beau-père puis obligée d’avorter dans une pharmacie. Le beau-père, José Montenegro, avait alors déposé plainte pour “diffamation” contre le journaliste. Une journaliste de La Región, María Isabel Pérez, avait également publié un article sur cette affaire sans pour autant avoir fait l’objet de poursuites. Oswaldo Pereyra Moreno clame son innocence et réfute la décision du juge. Ce dernier a en effet estimé que les propos du journaliste avaient sali l’image du plaignant, blessé que son nom ait été cité publiquement par Oswaldo Pereyra au cours de l’émission. Le journaliste a déclaré qu’il ferait appel de la décision mais il est actuellement détenu par la police, et doit rejoindre son lieu d’incarcération la semaine prochaine. C’est la deuxième fois depuis le début de l’année qu’un journaliste péruvien est emprisonné pour “diffamation”. Alejandro Carrascal Carrasco directeur de l’hebdomadaire Nor Oriente, purge une peine d’un an de prison pour le même motif suite à sa condamnation, le 12 janvier dernier, dans des conditions pour le moins irrégulières.
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Updated on 20.01.2016