Un cyberdissident torturé pour le dissuader de faire appel d'une peine de douze ans de prison
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Alors qu'une réunion préparatoire au Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) se tient à Genève (Suisse), en présence d'une délégation chinoise, Reporters sans frontières a réuni de nouvelles informations sur les tortures infligées au cyberdissident Huang Jinqiu, condamné à douze ans de prison.
Reporters sans frontières est choquée par les actes de torture et la tentative d'hospitalisation psychiatrique forcée dont a été victime ce jeune militant démocrate chinois. L'organisation est indignée par l'impudence avec laquelle les diplomates chinois paradent à la réunion préparatoire du SMSI alors que des cyberdissidents sont victimes de tels sévices dans leur pays.
Selon des informations recueillies par Reporters sans frontières, les autorités pénitentiaires se sont récemment acharnées contre Huang Jinqiu après qu'il avait projeté de faire à nouveau appel de sa condamnation à douze ans de prison pour "subversion".
Le 9 décembre 2004, le premier appel déposé par l'avocat de Huang Jinqiu avait été rejeté, sans même une audience, par une cour de Nanjing (province de Jiangsu). Pour dissuader le cyberdissident de poursuivre auprès de la Cour suprême, les autorités ont tout fait pour le casser physiquement et psychologiquement. Mi-décembre, elles ont tenté de le faire interner de force dans un hôpital psychiatrique, mais les médecins de l'établissement ont refusé. L'administration pénitentiaire a alors placé Huang Jinqiu en régime de "sévère restriction" dans la prison de Pukou à Nanjing. Enfermé dans une cellule avec une dizaine de prisonniers de droit commun, il a été régulièrement battu par ses codétenus aux ordres des gardiens. Le cyberdissident a également été obligé de courir chaque jour plus de vingt kilomètres dans la cour de la prison. Huang Jinqiu était frappé s'il s'arrêtait avant. Par ailleurs, il a été privé de lecture pendant plusieurs semaines et les lettres à son avocat ont été régulièrement bloquées.
Lors d'une visite, le 17 janvier, l'avocat Thomas Guo a pu confirmer que son client portait des traces de tortures et était très abattu. Pendant leur entretien, surveillé par des gardiens, Huang Jinqiu a fondu en larmes à deux reprises. Quelques jours plus tard, l'avocat a reçu une lettre de son client lui demandant de suspendre le dépôt d'un appel devant la Cour suprême.
Huang Jinqiu, correspondant régulier du site Internet Boxun, avait été arrêté le 13 septembre 2003, à Lianyungang, dans la province du Jiangsu (Est). Sa famille était restée sans nouvelles pendant plusieurs mois et n'avait appris qu'en janvier 2004 qu'il était détenu à la prison de Changzhou. Huang Jinqiu avait été condamné, le 27 septembre 2004, à douze ans d'emprisonnement pour "subversion d'Etat".
Né en 1974, Huang Jinqiu a travaillé comme journaliste dans plusieurs journaux, dont le Yangcheng Wanbao. Ensuite, depuis la Malaisie où il poursuivait ses études de journalisme, il s'est rendu célèbre par les articles politiquement engagés qu'il publiait sur Boxun, sous le pseudonyme de Qing Shuijun.
Les autorités chinoises suivaient particulièrement l'activité du cyberdissident depuis qu'il avait déclaré son intention, en janvier 2003, de créer un parti politique (le Parti démocrate et patriote de Chine -CPDP). Huang Jinqiu a été arrêté quelques jours après son retour en Chine.
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Updated on
20.01.2016