Un cyberdissident libéré six mois avant la fin de sa peine

Reporters sans frontières prend acte de la libération, le 1e novembre 2005, du journaliste et cyberdissident Liu Shui, six mois avant le terme de sa peine. Il avait été condamné à deux ans de rééducation par le travail en mai 2004. Selon le Independent Chinese PEN Center (ICPC), le journaliste a été prévenu quelques heures seulement avant sa libération du camp de rééducation de Xili, dans la province de Guangdong (Sud). Liu Shui a dû signer une déclaration lui interdisant de « mentir » notamment sur son procès et ses conditions de détention. Certaines affaires personnelles du détenu, en particulier ses écrits rédigés en prison, ont été confisquées sans aucune justification par la police. Après un an et demi de détention, le journaliste est apparu très affaibli à ses proches. Arrêté le 2 mai 2004 pour avoir publié sur Internet des articles critiquant certains abus des autorités et notamment de la police, le journaliste collaborait au quotidien Les Nouvelles du Soir de Shenzhen. Liu Shui avait été condamné sans procès, le même jour, à deux ans de rééducation par le Bureau de la sécurité publique de Shenzhen (Sud). _____________________________________________________________ 14.05.04 Deux cyberdissidents condamnés Après plus de deux ans d'emprisonnement sans jugement, Yang Jianli a finalement été condamné, le 13 mai 2004, à cinq ans de prison pour "espionnage" et "entrée illégale sur le territoire chinois". Le 2 mai, le journaliste Liu Shui a été quant à lui condamné, sans procès, à deux ans en camp de rééducation. Officiellement accusé d'avoir sollicité les services de plusieurs prostituées, Liu Shui est en réalité condamné pour avoir publié sur Internet des articles sur des sujets "sensibles", notamment les massacres de Tiananmen. Reporters sans frontières est indignée par ces deux condamnations. "Les autorités chinoises ne faiblissent pas dans la répression contre la liberté d'expression. Condamner Yang Jianli pour espionnage en faveur de Taïwan et Liu Shiu pour un problème de mœurs est le summum du ridicule, une dissimulation grossière visant à museler des dissidents politiques", a déclaré l'organisation. Après sa participation aux manifestations de Tiananmen en 1989, Yang Jianli avait été expulsé du pays. Devenu résident permanent aux Etats-Unis, il avait créé la Fondation pour la Chine au XXIe siècle, qui se bat pour promouvoir la démocratie en République populaire de Chine. Le cyberdissident était également le rédacteur en chef de la revue électronique dissidente Yibao (www.chinaeweekly.com). Yang Jianli a été arrêté en avril 2002 alors qu'il était retourné en Chine, en utilisant le passeport d'un ami, pour enquêter sur des grèves ouvrières au nord-est du pays. Au terme de son procès, le 4 août 2003, le verdict avait été mis en délibéré. Les autorités avaient quatre mois pour se prononcer, en vertu du code pénal chinois. Ce délai étant passé depuis cinq mois, le maintien en détention de Yang Jianli constituait une infraction au droit chinois. Lors de l'énoncé de la sentence, Yang Jianli, 40 ans, avait argué que son procès bafouait la loi chinoise et qu'il avait été détenu illégalement durant 164 jours. Sa femme, Christina Fu, de nationalité américaine, réside avec leurs deux enfants dans le Massachusetts. A l'annonce de la sentence, elle a déclaré à Reporters sans frontières : "Je suis très triste. Je sais que mon mari n'est pas un espion. Je sais également que cela aurait pu être pire mais j'espérais qu'il serait expulsé. Vous savez, son père a 90 ans, il n'est pas sûr de le revoir un jour. Nous allons tenir une conférence de presse à Washington très prochainement pour solliciter les autorités américaines et internationales." Concernant une demande d'appel, Christina Fu a précisé que la décision n'était pas encore prise, mais que c'était "probable". Liu Shui, 37 ans, a été arrêté à Shenzhen (province du Guangdong, sud du pays). Journaliste indépendant, il a travaillé pour le Southern Metropolitan News et le Shenzhen Evening News. Condamné à deux ans de camp de rééducation, le cyberdissident a été victime d'une procédure ultrarapide appliquée dans le cadre de délits mineurs. Liu Shui avait déjà été emprisonné quinze mois après sa participation aux manifestations de Tiananmen en 1989, trois ans en 1994 pour "propagande contre-révolutionnaire", puis de nouveau brièvement en 1998. Le 19 mars 2004, une autre cyberdissidente, Ma Yalian, avait déjà été condamnée à 18 mois de camp de rééducation par le travail.
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Updated on 20.01.2016