Un attentat à l’explosif contre une radio et une tentative d’assassinat d’un journaliste dans le nord du pays
Organisation :
Dans la nuit du 19 au 20 avril 2011, les locaux de la station de radio FM 93 Radio Dilbar, dans le district de Charsadda dans la province de Khyber Pakhtunkhwa (Nord-Ouest) ont été endommagés par l’explosion d’une bombe. Deux bureaux, le studio et l'équipement qu'ils contenaient ont été détruits dans la déflagration.
"Nous sommes inquiets de la méthode employée dans cette attaque, et de la vulnérabilité des journalistes qu'elle met en évidence. Nous demandons aux autorités de tout mettre en œuvre pour protéger les journalistes, dont le travail est d'utilité publique. Une enquête approfondie doit être entreprise pour identifier les auteurs et déterminer leur mobile. Nous appelons le gouvernement pakistanais à renforcer les moyens de la police pour lui permettre d'enquêter et d'assurer la protection des médias, afin que ceux-ci ne cèdent pas à la terreur qu'essayent d'instiguer les auteurs de ce type d'attaques", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire-général de Reporters sans frontières.
A 1h42 du matin, des explosifs placés contre le bâtiment abritant la radio ont explosé, endommageant deux bureaux, le studio et l’équipent de diffusion. La station a pu reprendre la diffusion de ses programmes après neuf heures d’interruption.
«Je ne sais pas qui aurait pu faire cela. Nous n'avons fait de mal à personne. Nous sommes au service de la communauté en produisant de l’information, du divertissement et des programmes d’actualité", a déclaré Zahid, responsable de l’information contacté par l’organisation.
Sous couvert de l'anonymat, un officier de police a déclaré à Reporters sans frontières que les principaux suspects de l'attaque étaient des taliban. Il a également ajouté qu’afin d’appréhender les auteurs du crime, l'enquête n’excluait aucune piste. D’après lui, les terroristes auraient utilisé cinq kilogrammes d'explosifs. Au cours du dernier mois, le district de Charsadda a été le théâtre de trois attentats.
Lien vers la page Facebook de la radio: http://www.facebook.com/pages/FM-93-Radio-Dilber-Network/280219342327
Lien YouTube: http://www.youtube.com/watch?v=SdOI5CmsAS0
Par ailleurs Reporters sans frontières vient d’apprendre la tentative d’assassinat contre le journaliste Abdullah Bhittani, employé par l’agence de presse afghane Benawa et l’agence pakistanaise INP, qui a survécu après avoir reçu trois balles, le 12 avril 2011, à Rawalpindi dans la province du Penjab (Nord-Est).
“Quand je me suis arrêté, un des deux motocyclistes a sorti un pistolet. Il a tiré un premier coup de feu qui a atteint ma jambe, et je l’ai ensuite attrapé. Il a tiré une deuxième fois dans la même jambe (...) je résistais mais l’autre motocycliste m’a frappé la tête avec son casque, ce qui leur a permis de s'enfuir”, a déclaré Abdullah Bhittani contacté par téléphone.
Deux hommes l’ont interpellé vers onze heures du soir, alors qu’il se trouvait près de son hôtel.
Le journaliste avait déjà reçu des messages de menace anonymes sur son téléphone portable. Certains journalistes expérimentés pensent qu’Abdullah Bhittani a été visé en raison de son travail pour l’agence de presse afghane Benawa. Il couvrait notamment les zones tribales et la province de Khyber Pakhtunkhwa. Après trois jours d’hospitalisation, le journaliste est toujours dans l’incapacité de marcher.
Egalement contacté par Reporters sans frontières, le président de la Tribal Union of Journalists (TUJ), Safdar Dawar, a condamné cette tentative et a affirmé avoir porté l’affaire devant le ministre de l’Intérieur.
“Avec une tentative d’assassinat et un attentat à la bombe en une semaine, dans deux provinces différentes, le Pakistan confirme sa place parmi les pays les plus dangereux au monde pour les journalistes. Les violences contre la presse n’ont jamais baissé d’intensité depuis maintenant plusieurs années. Nous appelons une nouvelle fois les autorités à une prise de conscience et à un engagement clair en faveur du travail de la presse”, a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire-général de Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016