Un ancien ministre poursuit six publications
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Reporters sans frontières proteste contre par la décision de l'ancien ministre Mirza Abbas de porter plainte contre six publications. Au total, dix-huit directeurs de publication et journalistes sont poursuivis pour des articles jugés "diffamatoires" et risquent la prison. L'un des accusés, Shahadat Chowdhury, est mort depuis deux ans.
"Les responsables politiques bangladais ont la mauvaise habitude de poursuivre en justice la presse privée qui se montre trop critique. Ces procédures à répétition font courir le risque de voir des journalistes emprisonnés pour diffamation, ce qui est contraire aux standards internationaux en matière de liberté de la presse. Nous demandons aux hommes politiques, et plus particulièrement à Mirza Abbas, de retirer leurs plaintes afin de garantir une plus grande sérénité entre la presse et les partis politiques avant les élections de janvier prochain", a affirmé l'organisation.
Le 9 novembre 2006, Mirza Abbas, ancien ministre du Logement et des Travaux publics et haut responsable du BNP (parti conservateur), a déposé dix plaintes pour "diffamation" devant un tribunal pénal de Dacca. Le politicien accuse les quotidiens Jugantor, Inqilab, Janakantha, Bhorer Kagoj, et les magazines Weekly-2000 et Weekly Shirsha Kagoj d'avoir publié des articles diffamatoires. Cinq plaintes différentes ont été déposées contre le seul quotidien Jugantor, dont le directeur, l'avocat et un correspondant sont nommément visés.
Les avocats de l'ancien ministre ont justifié les motifs de la plainte devant le juge Syed Mohammad Mojibul Haq. Toutes les personnes mentionnées dans la plainte sont convoquées le 3 décembre devant la cour. Le juge peut délivrer des mandats d'arrêts.
L'ancien ministre reproche aux publications d'avoir repris des accusations de victimes d'abus de pouvoir (confiscation de terres ou favoritisme à l'embauche) de la part de Mirza Abbas ou de ses proches. Interrogé par Reporters sans frontières, Golam Mourtuza, directeur de Weekly-2000, a affirmé que l'article publié en août dernier était une enquête "claire et honnête". "Nos lecteurs ont droit à connaître la vérité. Je n'ai pas de problème pour faire face à cette plainte. Mais, chaque fois, on constate que ces plaintes sont déposées pour nous harceler", explique l'un des accusés. De son côté, Shyamal Dutt, directeur du Bhorer Kagoj, nie les accusations de l'ancien ministre. "Les faits mentionnés dans notre article sont vrais. Mirza Abbas a le droit de porter plainte, mais il devrait mieux examiner les articles avant d'aller devant les juges", ajoute le journaliste.
En 2006, Reporters sans frontières a recensé une augmentation importante du nombre de plaintes en diffamation, déposées par des députés ou des ministres du BNP. Déjà en février 2006, Mirza Abbas avait poursuivi des responsables du quotidien Prothom Alo. Un autre député du BNP, Abdul Mannan, avait porté plainte contre le Dainik Jugantor en mai dernier. Son collègue Amzad Hossain Sarker avait accusé de diffamation quatre quotidien nationaux en janvier 2006.
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Updated on
20.01.2016