Un analyste politique et caricaturiste enlevé à Colombo
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Reporters sans frontières appelle les forces de sécurité à mobiliser des moyens supplémentaires pour retrouver l'analyste politique Prageeth Eknaligoda, disparu depuis le 24 janvier au soir. Contacté par l'organisation, un responsable de la police a déclaré qu'il était trop occupé par l'élection présidentielle pour traiter en urgence cette affaire.
"Dans un climat politique très tendu, il est extrêmement préoccupant qu'un journaliste connu pour ses critiques à l'égard du pouvoir disparaisse dans la capitale. Alors que des rumeurs de violences préméditées contre les journalistes se répandent, nous attendons des autorités une réponse rapide pour retrouver sain et sauf le journaliste", a déclaré Reporters sans frontières.
Interrogée par Reporters sans frontières, l'épouse de Prageeth Eknaligoda a déclaré qu'elle avait déposé une plainte dans les commissariats de Homagama et Rajagirirya –Welikada, et qu'elle avait été entendue par des agents sur les circonstances de la disparition de son mari.
Un collègue de Prageeth Eknaligoda joint par l'organisation a confirmé que le journaliste était menacé en raison de ses analyses politiques. "La semaine dernière, il a publié une longue analyse comparative des deux principaux candidats à l'élection présidentielle. Il exprimait sa préférence pour l'opposition. L'article a été publié en cingalais sur Lankaenews. Nous redoutons que sa disparition ne soit liée à ce texte", a expliqué le journaliste.
La famille et les collègues sont sans nouvelles de Prageeth Eknaligoda, journaliste du site d'informations Lankaenews, depuis qu'il a quitté son travail le 24 janvier vers 21 heures. Il n'est jamais arrivé à son domicile. Le journaliste avait affirmé à un ami proche qu'il avait l'impression d'être suivi depuis quelques jours. Analyste politique et caricaturiste connu, il collaborait également avec le journal Sirata.
Prageeth Eknaligoda avait déjà été la victime d'un enlèvement pendant quelques heures le 3 août 2009.
Le 23 janvier, le principal candidat d'opposition Sarath Fonseka a accusé le pouvoir de planifier des violences pour effrayer les électeurs.
Ce n'est pas la première fois que des journalistes sont enlevés à Colombo. En juin 2009, Poddala Jayantha, secrétaire général de la Sri Lanka Working Journalists Association (SLWJA), a été kidnappé dans une rue de la capitale, torturé, puis abandonné le long d’une route. En août 2006, le directeur de l’information de la radio Sooriyan, Nadarajah Kuruparan, avait été kidnappé pendant vingt heures. Et en avril 2005, Dharmeratnam Sivaram "Taraki", directeur du site d’informations Tamilnet et éditorialiste du quotidien Daily Mirror, avait été enlevé puis assassiné à Colombo.
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Updated on
20.01.2016