Un "ami de la Thaïlande" appelle à la libération de Sun Shucai, journaliste chinois détenu à Bangkok
Organisation :
Reporters sans frontières appelle une nouvelle fois à la remise en liberté du militant et journaliste chinois Sun Shucai, réfugié à Bangkok depuis novembre 2006, et emprisonné depuis décembre 2010.
L'organisation se joint à l'appel du journaliste néerlandais Jos van Noord qui, dans une tribune en ligne du quotidien De Telegraaf, s'indigne de la détention de Sun Shucai et interpelle les lecteurs en les invitant à s'exprimer sur le traitement réservé au journaliste, âgé de 87 ans.
En 2002, Jos van Noord a reçu des mains des autorités thaïlandaises la distinction d'"ami de la Thaïlande", pour ses nombreux articles qui donnaient une image positive du pays.
"Nous sommes de plus en plus inquiets pour la santé de Sun Shucai. Ses conditions de détention sont toujours précaires et les démarches visant à sa libération ne semblent pas avancer. Nous demandons aux autorités thaïlandaises, qui n'ont aucun intérêt à prolonger sa détention, de faire preuve de clémence envers Sun Shucai. Son seul crime est d’avoir voulu se réfugier en lieu sûr alors que son combat en faveur des droits de l’homme l’exposait à des représailles en Chine", a déclaré Reporters sans frontières.
Sun Shucai avait été interpellé par la police thaïlandaise le 8 décembre 2010, lors d’une vague d’interpellations d’immigrés dans l’immeuble où il logeait. Muni d'un récépissé du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR) attestant de sa demande de protection et de réinstallation, le journaliste n'aurait pas dû faire partie des personnes interpellées. Le 9 décembre, le journaliste avait été condamné à une amende, puis enfermé dans le centre de détention des services de l’immigration à Bangkok, dans la crainte d'une expulsion vers la Chine.
L’engagement politique de Sun Shucai remonte aux années cinquante. En 1956, le journaliste avait été condamné à quatorze ans de prison pour avoir dénoncé la révolution maoïste. Sun Shucai est l’auteur d’articles critiquant le Parti communiste chinois. Certains de ses écrits ont été publiés dans Bejing Spring, une revue de dissidents chinois basée à New York.
Afin de permettre aux internautes de réagir, Reporters sans frontières publie la traduction de l'article de Jos van Noord et les invite à se rendre sur le site du De Telegraaf:
http://www.telegraaf.nl/reiskrant/10117049/__Gewetensvakantie__.html
30 juin 2011, 09:45
Checkpoint
Congé de conscience
par Jos van Noord
Dans bon nombre de destinations de vacances, les droits humains ne sont plus qu’un objet de négociation politique. Les citoyens qui défendent une opinion tout comme les personnes qui sont tout simplement elles-mêmes (gens du voyage, homosexuels, chrétiens, juifs, artistes ou autochtones) sont traités comme des chiens dans ces pays, et encore... Y prêtez-vous attention en choisissant votre destination de vacances ? Envoyez-moi un mail !
Beaucoup de pays africains estiment que les droits humains ne sont que le cheval de bataille des Occidentaux, qui ne leur posaient jadis aucun problème. La plupart des gouvernements lointains jurent sans sourciller que tout va très bien chez eux. Mais si nous prenons la Chine par exemple, on constate qu’il y règne un arbitraire dictatorial pur et simple, et que penser de l’Europe de l’Est ? De gens comme Loukachenko ?
Dans les Antilles néerlandaises, assez machistes, les gays et les lesbiennes ne sont pas les bienvenus. Comme les Coptes en Égypte ! J’ai moi-même décidé de fuir la Thaïlande, destination pourtant très prisée, aussi longtemps que les autorités de ce pays garderont en détention le journaliste chinois Sun Shucai sans raison. J’ai cependant été nommé "Ami de la Thaïlande" par le gouvernement de Bangkok, mais il est peut-être temps que je rende poliment cette distinction.
Mon collègue Shucai, qui aime tout comme moi appeler les choses par leur nom et défend les dissidents, ne pouvait plus rester en Chine en sécurité. Il a fui vers la Thaïlande, mais est tenu prisonnier depuis 6 mois, dans des conditions inhumaines, au camp pénitentiaire connu à Bangkok sous le nom de Suan Phlu Immigration Detention Center.
Scandaleux! Cet homme a 87 ans !
En Thaïlande, les individus n’ont aucun droit ; les lettres envoyées aux ministres restent sans réponse. Sun Shucai, accusé d’être en possession d'un visa expiré, n'a rien à faire en prison puisqu'il bénéficie d'un statut documenté de réfugié auprès des Nations unies ; par ailleurs, son visa pour les États-Unis est en cours de traitement. La Thaïlande ne fait pas grand cas des conventions relatives aux réfugiés, principalement pour son propre intérêt car les Thaïs, en général, manquent de compassion pour les réfugiés.
Alors que les vacanciers passent insouciamment leur temps sur la plage, comme des réfugiés loin de la grisaille, ce très vieux dissident croupit dans la cellule 1 DC sous le numéro 43122, comme des centaines d'autres étrangers, accusés de ne pas être des touristes modèles. Que faire ? Où votre conscience va-t-elle en vacances ? Peut-être préférez-vous la laisser à la maison ? Envoyez-moi un mail à [email protected]
Reporters sans frontières mettra prochainement à disposition l'ensemble des commentaires de lecteurs, laissés au bas de l'article de Jos van Noord.
Publié le
Updated on
20.01.2016