Reporters sans frontières est scandalisée par la condamnation, le 8 février 2006, de Sathien Chanthorn (photo), ancien directeur de la radio communautaire Angthong Community Radio Learning Station, à quatre mois de prison avec sursis et une amende de 840 euros. Cette décision constitue une grave menace pour les milliers de radios communautaires du royaume.
Une Cour de la province d'Ang Thong (au nord de Bangkok) a condamné, le 7 février 2006, Sathien Chanthorn, ancien directeur de la radio communautaire Angthong Community Radio Learning Station (FM 106.25), à quatre mois de prison avec sursis et une amende de 40,000 bahts (840 euros). Il a été reconnu coupable d'avoir diffusé des programmes sans licence et de posséder illégalement du matériel radio, en vertu d'une loi de 1955.
« Nous sommes scandalisés par ce verdict qui représente une violation de la Constitution du royaume et une grave menace pour les milliers de radios communautaires thaïes. Nous tenons à manifester toute notre solidarité à Sathien Chanthorn et aux radios communautaires qui font un travail remarquable en donnant la parole aux plus modestes, a déclaré Reporters sans frontières. Nous demandons à la justice thaïe de reconnaître en appel le droit constitutionnel de Sathien Chanthorn à diriger une radio communautaire. »
Après la fermeture de plusieurs radios FM et communautaires en 2005, c'est la première fois qu'un opérateur est condamné pour avoir diffusé des programmes.
« Je ne comprends pas de quoi je suis coupable. J'ai suivi les ordres du Département des relations publiques. De plus, j'ai même reçu l'assistance financière d'un Fonds d'investissement social gouvernemental », a déclaré Sathien Chanthorn à ses juges. « Si je suis coupable, que va-t-il advenir des autres radios communautaires ? » a-t-il ajouté.
Sathien Chanthorn, agriculteur de 56 ans, a rappelé à la Cour que l'article 40 de la Constitution de 1997 encourage l'établissement de radios communautaires afin de favoriser une plus grande diversité dans les médias. En outre, son avocat a précisé que cet article rendait obsolète la loi sur les télécommunications de 1955. Sathien Chanthorn a décidé de faire appel.
Le 30 octobre 2002, la police avait confisqué le matériel de diffusion de Sathien Chanthorn. Le Département des relations publiques (organe lié au Premier ministre) avait donné l'ordre de fermer la radio accusée de violer la loi de 1955.
En juillet 2002, Sathien Chanthorn avait créé Angthong Community Radio Learning Station (FM 106.25) à Baan Bornam. Fonctionnant sans aucune publicité commerciale, la station avait diffusé certaines critiques à l'encontre d'administrations locales. Après la confiscation de son matériel, Sathien Chanthorn a lancé une autre radio communautaire.
A l'issue du procès, Sathien Chanthorn a affirmé que les autorités avaient interdit aux radios communautaires de diffuser des informations sur les manifestations antigouvernementales organisées par le patron de presse Sondhi Limthongkul.