Ukraine : rendez sa liberté au journaliste Fikret Housseïnli !
Cela fait cinq mois, ce 14 mars 2018, que le journaliste néerlandais Fikret Housseïnli est retenu en Ukraine contre son gré sous la menace d’une extradition vers son pays d’origine, l’Azerbaïdjan. Dans un courrier envoyé ce jour, Reporters sans frontières (RSF) presse à nouveau le Procureur général d’Ukraine de laisser le journaliste regagner les Pays-Bas au plus vite.
A M. le Procureur général Youri Loutsenko
Riznytska St, 13/15, Kyiv, 01011, Ukraine
Cc: Administration présidentielle,
M. le ministre de l’Intérieur Arsen Avakov
Paris, le 14 mars 2018
Monsieur le Procureur général,
Reporters sans frontières (RSF), organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite à nouveau attirer votre attention sur le sort du journaliste néerlandais d’origine azerbaïdjanaise, Fikret Housseïnli. Arrêté le 14 octobre 2017 à Kiev suite à une demande d’extradition introduite par l’Azerbaïdjan, il a été remis en liberté conditionnelle deux semaines plus tard. Mais il a toujours interdiction de quitter l’Ukraine tant que vous n’avez pas statué sur cette demande d’extradition.
Fikret Housseïnli est un journaliste bien connu en Azerbaïdjan. Contraint à l’exil aux Pays-Bas en 2008, il y a reçu l’asile politique avant d’acquérir la nationalité néerlandaise en 2014. Il dirige aujourd’hui le bureau d’Amsterdam de la chaîne azerbaïdjanaise en exil Turan TV, critique du régime d’Ilham Aliev. Les accusations portées contre Fikret Housseïnli dans son pays d’origine ne sont que le prolongement des menaces qu’il a subies du fait de ses activités professionnelles et qui l’ont contraint à fuir l’Azerbaïdjan.
Monsieur le Procureur général, nous vous demandons de rejeter dans les plus brefs délais la demande d’extradition de Fikret Housseïnli vers l’Azerbaïdjan. Le journaliste s’étant vu accorder la protection des Pays-Bas et ayant reçu la nationalité de ce pays, tout renvoi vers son pays d’origine serait illégal et l’exposerait aux pires représailles. Nous vous demandons de rendre son passeport à Fikret Housseïnli et de le laisser regagner les Pays-Bas en toute sécurité.
Nous vous demandons enfin de diligenter une enquête complète et impartiale sur la violente agression dont le journaliste a fait l’objet le 5 mars à Kiev, qui renforce encore nos craintes pour sa sécurité.
L’Azerbaïdjan occupe la 162e place sur 180 au Classement de la liberté de la presse établi par RSF en 2017. Le régime d’Ilham Aliev a tout fait ces dernières années pour annihiler le pluralisme médiatique. Les principaux titres critiques ont tous été asphyxiés financièrement ou fermés manu militari. Pas moins de 13 journalistes et deux blogueurs sont actuellement emprisonnés du fait de leurs activités d’information. Il serait extrêmement choquant que l’Ukraine se rende complice de cette brutale répression.
En vous remerciant par avance pour l’attention que vous voudrez bien porter à notre requête, je vous prie d’agréer, Monsieur le Procureur général, l’expression de mes salutations distinguées.
Antoine Bernard, directeur général adjoint de Reporters sans frontières.