Ukraine : inquiétudes toujours plus vives pour Stanislav Asseïev, détenu depuis plus d’un an par les séparatistes

Les séparatistes de Donetsk s’apprêtent à juger pour “espionnage” le journaliste ukrainien Stanislav Asseïev, détenu depuis plus d’un an. Reporters sans frontières (RSF) appelle à sa libération immédiate.

Après plus d’un an de détention arbitraire, les “autorités” autoproclamées de Donetsk semblent vouloir donner un vernis de légalité à l’emprisonnement de Stanislav Asseïev. Bien que le journaliste ukrainien ne soit toujours pas formellement inculpé, les séparatistes publient depuis la mi-juillet ce qu’ils présentent comme des extraits de son journal, pour mieux accréditer l’idée qu’il ne s’agit que d’un espion.


Ces “révélations” ne convainquent pas grand monde et un proche du journaliste, Egor Firsov, a d’ailleurs assuré être en possession du véritable journal de Stanislav Asseïev, dont il a posté des photos sur les réseaux sociaux. Il affirme également que les séparatistes tentent d’extorquer des aveux au journaliste en le menaçant d’arrêter sa mère. L’accusation “d’espionnage” est passible de vingt ans de prison à Donetsk, voire de la peine de mort en temps de guerre.


“Les rares nouvelles qui nous parviennent de Stanislav Asseïev sont, à chaque fois, plus inquiétantes, souligne Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Les séparatistes semblent s’acharner sur ce journaliste qui a osé défier leur blocus de l’information pour raconter au reste du pays le quotidien à Donetsk. Nous appelons toutes les parties prenantes à redoubler d’efforts pour obtenir sa libération rapide.”


La “République populaire de Donetsk” (DNR, autoproclamée) a d’abord gardé le silence avant de reconnaître qu’elle détenait Stanislav Asseïev, porté disparu début juin 2017. Un des rares journalistes indépendants à être restés sur place après la prise de pouvoir par les séparatistes, le journaliste collaborait avec plusieurs journaux ukrainiens et le service local de Radio Free Europe / Radio Liberty (RFE/RL), sous le pseudonyme de Stanislav Vassine.


D’après d’anciens codétenus, il est emprisonné dans l’une des geôles séparatistes, l’ancienne usine “Izoliatsiya”. La “DNR” refuse pour l’heure de l’inclure dans un potentiel échange de prisonniers avec Kiev. Début juillet, Egor Firsov a annoncé que le journaliste avait entamé une grève de la faim pour protester contre l’absence de soins dont il faisait l’objet. Le “Donbass Media Forum 2018” s’est ouvert le 6 juillet avec l’adoption d’une déclaration appelant le “Groupe de Normandie” (Ukraine, Russie, Allemagne et France) à intervenir pour obtenir sa libération.


Depuis la prise de pouvoir des séparatistes soutenus par la Russie, au printemps 2014, la “DNR” et la “République populaire de Lougansk” (“LNR”) sont devenues de véritables trous noirs de l’information. Les derniers journalistes critiques y ont été réduits à la clandestinité et les observateurs étrangers se font rares. La Crimée a également été purgée de ses journalistes et médias critiques depuis l’annexion russe en 2014. 


Le reste de l’Ukraine occupe la 101e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2018.

Publié le
Mise à jour le 25.07.2018